Encadrée par les vallées de l'Aisne à l'Ouest et de la Meuse à l'Est, cette région marquait jadis la limite entre le Saint Empire romain germanique et la France.
Compte tenu de la présence d'argiles (*), de bois, d'eau dans le massif de l'Argonne, on retrouve traces de nombreux ateliers de potiers dans cette région dès le période gallo-romaine. A de modestes ateliers ont succédé au 18ème siècle des faïenceries plus importantes :Les Islettes, Wally, Salvange, Lavoye, Montgarny, Clermont-en-Argonne, Froidos, Rarécourt, La Grange-le-Comte, Autrecourt, Avaucourt ...
Les formes, plats, assiettes , ... sorties de ces fabriques sont souvent très similaires, généralement émaillée de brun ou de noir.
Vers le milieu du 18ème siècle, on parle de vaisselle à cul noir; cette vaisselle fut alors utilisée en remplacement de la vaisselle d'argent pour aider le Trésor (une idée de Monsieur de Silhouette (contrôleur général des Finances).

(*) La Lorraine comprend de nombreuses couches de roches sédimentaires superposées vieilles de 250 à 140 millions d’années, ces couches sont inclinées vers l’ouest depuis les Vosges jusqu’à l’Argonne. il s’agit d’une alternance de couches dures de calcaires ou de grès et de couches tendres riches en argile de l’ère secondaire.
L ‘érosion creuse les niveaux argileux ou s’écoulent les rivières et laisse en relief les roches dures qui forment les côtes.
L’une de ces 5 zones argileuses orientées en gros Nord- Sud, va de la forêt d’Argonne à l’Ouest de Bar le Duc.
Dans les terrains où se concentrent les argiles de nature variée, on trouve depuis des siècles des usines où ateliers de fabrication de « terres cuites » ( briques, poteries, tuiles, faïences ou ciment) qui dépendent, pour une part, de la nature des argiles.
Les roches argileuses correspondent à des dépôts de mers chaudes ou de lagunes qui ont recouvert la Lorraine à plusieurs reprises durant cette époque.
( exposition Argile, Histoire d’avenir ; Conseil général de Meurthe et Moselle 2008)

La faïence au cul noir fut probablement la production primitive des Islettes. En 1759, Voltaire écrit au Comte d'Argental et lui demande: " dites-moi, si vous mangez sur des assiettes à cul noir"; A la Marquise du DEFFAND, il écrit: "il ne manque plus à ma chère patrie que de se jeter à la tête la faïence à cul noir sur laquelle elle mange, après avoir vendu sa vaisselle d'argent"