Après
une formation aux techniques de l'imprimerie, de la photographie et de
la phototypie à Paris, Albert Bergeret intègre en 1886 les imprimeries
Royer à Nancy ; Albert Bergeret y dirige l'atelier de phototypie.
Dès 1898 il créé sa propre entreprise pour fabriquer des cartes
postales illustrées : les Imprimeries A. Bergeret & Cie. Les
premières cartes de vues de ville portent la mention « Phototypie
A. Bergeret et Cie - Nancy " ; puis vient la
commercialisation de cartes fantaisie. 25 millions de
cartes sont fabriquées en 1900, 75 millions en 1903.
Face à ce succès, le premier atelier de la rue de la Pépinière s’avère
trop petit. L’architecte Lucien Weissenburger est choisi pour
construire d’autres bâtiments rue Lionnois (1901) pour son imprimerie
ainsi que sa demeure familiale (1903), juste à côté.
Avec le succès, la concurrence est vive et en 1905, il s'associe aux
imprimeurs nancéiens Humblot et Helmlinger pour fonder les
Imprimeries Réunies de Nancy ( I.R.N.) ; il en assurera
la présidence du Conseil d’administration.
De nouveaux ateliers sont créés rue de Metz; la grande exposition
Internationale de l'Est de la France de 1909 au Parc Sainte-Marie à
Nancy correspond à l’apogée avant la chute du marché de la carte
fantaisie et la diversification des thèmes de cartes.
Le déclin intervient avec la guerre de 1914 ; par ailleurs, les
modes changent et le procédé de phototypie choisi par la société est
trop cher face à d’autres procédés comme l’héliogravure. A. Bergeret
abandonne toute activité en 1926.
Depuis 1978, la Présidence de l'Université Henri Poincaré occupe
la maison familiale , une des plus belles constructions dans le style
de l'Ecole de Nancy
Victor Prouvé, portrait de la famille
Bergeret, détail. Nancy, musée de l’École de Nancy (c) MEN, photo C.
Philippot
Généalogie
par Brigitte Caquin Hellio
La famille Bergeret par Victor Prouvé
1902
Naissances des enfants en 1885, 1889,
1893, 1894, 1896.
Musée de l'Ecole de Nancy, Nancy
La
notice d’Albert Bergeret :
« Originaire de Gray (HauteSaône), Albert Bergeret (1859-1932), fils de
libraire, apprend le métier de typographe à Paris puis s'installe chez
Royer en 1886. Il quitte cette entreprise pour fonder, le 15 juin 1898,
en association avec H. Oury, l'Imprimerie artistique de l'Est A.
Bergeret et Cie (installée rue de la Pépinière avec 30 ouvriers).
L'entreprise produit des cartes postales d'une exceptionnelle qualité
et réalise également de grands albums photographiques qui lui valent en
1900 une médaille d'or à l'Exposition universelle de Paris. De 1900 à
1901, la production passe de 25 à 50 millions de cartes par an. Les
locaux de la Pépinière se révèlent rapidement insuffisants et aux mois
de juillet et d'août 1901, Lucien Weissenburger dresse les plans d'une
usine de 2000 m2 à établir rue Lionnois dans le quartier Saint-Pierre
situé entre la porte Saint-Nicolas et l'église de Bonsecours.
L'installation se fait le 15 mars 1902 mais la demande est si
importante que dès le mois d'août 1903, l'architecte établit un projet
d'agrandissement qui double la surface des planchers. A cette date
l'usine produit avec 27 machines, 75 millions de cartes postales. Les
150 ouvriers disposent d'un réfectoire et d'une bibliothèque de 2000
volumes où "les apprentis qui n'ont souvent chez eux ni feu ni lumière
peuvent venir le soir de huit à dix heures ".
Lorsqu'en 1903 Bergeret fait appel une nouvelle fois à Weissenburger
pour se faire construire sa propre demeure, l'entreprise est en pleine
expansion. Mais le ralentissement des ventes, sensible dès 1904, oblige
Bergeret à s'associer aux imprimeurs Humblot et Helminger. La nouvelle
société des Imprimeries Réunies de Nancy devient la plus grande
entreprise de lithographie et de phototypie de l'Est de la France.
Albert Bergeret se retire des affaires en 1925 et l'entreprise cesse
ses activités en 1936. L'usine sera profondément transformée pour
accueillir la Faculté de Médecine, seule la façade sur rue est
partiellement conservée. En revanche, la maison qui est actuellement le
siège de la présidence de l'Université de Nancy I, malgré quelques
amputations et restitutions hasardeuses, reste un témoin essentiel de
l'Art Nouveau ». (Benoit
de Crevoizier groupe Facebook nancyretro)
Autre biographie
Albert Bergeret, juge au tribunal de
commerce de Nncy (photo Barco)
Président du Conseil d'administration
des Imprimeries réunies de Nancy
Juge suppléant au Tribunal de commerce (décembre 1908).
Officier de l'Instruction publique.
Après avoir fait ses études de latin et de grec jusqu'à la philosophie,
dans divers collèges, il fit son service militaire comme engagé
volontaire pour cinq ans au 1cr régiment du génie .à Versailles
(1879-1884), dont 4 ans comme sous-officier.
Ayant débuté dans l'industrie, comme simple apprenti, en 1884, dans une
maison d'arts graphiques, à Paris, il en devint le contre-maître au
bout de six mois.
Deux ans après, il vient à Nancy implanter et diriger la phototypie
dans une importante imprimerie de cette ville, où il reste 12 ans.
Pendant la même période, il est le correspon,dant, à Nancy, du journal
l' Illustration.
Il publie divers ouvrages : L'ordre à la maison; — La vérité sur les
Prévoyants de l'avenir ;
— Les récréations photographiques ; — La question du gaz à Nancy ; —
Nancy monumental et pittoresque; — Metz monumental, ....
Il prend une part active aux organisations de fêtes publiques et
d'œuvres de bienfaisance, et reçoit le ruban violet en juin I892.
En I898, M. Bergeret s'établit imprimeur en association avec H. Oury.
Il débute, 23, rue de la Pépinière, avec une dizaine d'ouvriers, et
lance en France la carte postale illustrée qui devient sa spécialité.
En I900, devant le succès de cette entreprise, il triple l'importance
de ses ateliers et décuple le nombre de ses ouvriers.
En 1902, pour donner à son industrie le développement qu'elle réclame
encore, M. Bergeret crée, rue Lionnois, l'usine modèle qui occupe 250
ouvriers, produit 3oo.ooo cartes par jour, (9o millions par an), et
obtient, à l'Exposition de Paris 1900, une médaille d'or, et à celle
d'Hanoï 1901, un grand prix.
M. Bergeret est désormais à la tête des phototypeurs de France.
Promu officier de l'Instruction publique le 10 février 1901.
Il fusionne, en I905, avec deux importantes maisons de la place, et
crée les Imprimeries Réunies de Nancy, société anonyme au capital de 2
millions de francs, dont il devient le président du Conseil.
Les Imprimeries réunies de Nancy occupent 400 ouvriers.
M. Bergeret est administrateur de diverses sociétés de Nancy ou de la
région.
(dictionnaire biographique illustré 1910)
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L’imprimerie de la rue
Lionnois
L’en-tête de lettre de la première imprimerie, rue de la Pépinière
Autorisation de travaux 12
avril 1903
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Bergeret Cie, Nancy. Affiche
publicitaire: "Oh ! Ces cartes Bergeret". 1904 Richard Wallace
illustrateur, Imp. Draeger, imprimeur.
99 x 75 cm
L’engouement des cartes postales au début du XXe siècle est tel qu’une
affiche publicitaire (1904) de Richard Wallace pour l’éditeur Bergeret
(Nancy) parodie le débordement d’un facteur; il croule sous le poids de
sa sacoche remplie de cartes et s’exaspère: « Oh! ces cartes Bergeret »!
LE PAYS LORRAIN 01/01/2001 « célèbre affiche « Au désespoir du Facteur
» : Richard Wallace s'est amusé à croquer un employé des Postes en
grande tenue, menaçant le ciel de son poing levé pour fulminer une
malédiction solennelle contre « ces cartes Bergeret » qui font déborder
sa sacoche. Les premières cartes sont apparues en Allemagne peu après
1890. Albert Bergeret, né à Gray (Haute-Saône) le 8 décembre 1859, fut
le premier Français à comprendre l'intérêt de ces courts messages
illustrés. En 1900, l'Imprimerie artistique de l'Est, fondée en juin
1898, publiait déjà 25 millions de cartes postales par an. En 1909,
l'année de l'Exposition internationale de l'Est de la France, la
production atteignait 400 000 pièces par jour, ce qui donnait cent
millions par an ! » Tous les collectionneurs de cartes postales
anciennes apprécieront cette plaquette conçue à leur intention.
Autre carte Bergeret « Oh ces
cartes Bergeret ! »
Cette fois par Victor Prouvé. Vers 1903.
Lithographie, imprimée par Draeger (Paris)
H. 112 ; L. 75 cm
Signé en bas à droite : D’après V. Prouvé -- Voir
les pages du Musée Lorrain, période contemporaine:
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