Charles Bagard (1696-1772) et le jardin botanique de Nancy
Jardin
Dominique Alexandre Godron
Charles
Bagard (Nancy 1676- 1772)
Musée de
la Faculté de Médecine de Nancy
Charles Bagard est un fils d’Antoine Bagard (1666-1742), né à Nancy, premier médecin du duc Léopold et aussi conseiller d’état. Il est également le neveu de Charles-Joseph Bagard (1676-1723) fondateur du Collège Royal et doyen des médecins de Nancy.
Stanislas, succédant à Léopold avait pris Charles Bagard comme médecin ordinaire compte-tenu de la renommée et du souvenir laissé par celui-ci à Montpellier où il fit ses études. Les autres médecins de Stanislas seront Casten Rönnow, Charles Hilaire Perret, Nicolas Maillard, François Dezoteux.
Charles Bagard prend la tête du corps des médecins de Nancy, obtient la création du Collège royal. Stanislas le nomme président et il est le premier à exercer cette fonction. Parfois considéré comme autoritaire, il mena cette institution de main de maître, le Collège occupant une partie des bâtiments de la place Royale (actuellement musée des Beaux-Arts sur la place Stanislas). En même temps il développe le jardin botanique encore partiellement visible rue Sainte-Catherine. La façade du Palais de l’Université, devenue Faculté de droit et de sciences économiques, est décorée de statues, médaillons et bustes de personnages illustres. Parmi eux, figure le buste de Bagard.
Outre la médecine, ses travaux sur l’inoculation de la variole (*) et le thermalisme à Contrexéville, Charles Bagard s’intéresse à l’Histoire naturelle, aux Beaux-Arts et à la botanique. C’est ce dernier aspect qui nous intéressera.
(*) Le mot inoculation a d'abord désigné la variolisation, procédé de traitement de la variole apporté de Constantinople en Angleterre au début du XVIIIe siècle et qui consistait à protéger le sujet d'une forme grave de cette maladie en le mettant en contact avec de la substance prélevée sur les vésicules d'une personne faiblement atteinte.
Par une première extension de son sens, le mot s'est appliqué à toute introduction d'un agent infectieux dans un organisme, Mais par la suite, le même mot en est venu à désigner l'introduction dans un organisme de tout agent pathogène, volontairement ou non.
Bagard a habité l’immeuble du Grand Café à Nancy
Le Point Central avec ses cafés était un lieu fort animé au début du 20ème siècle. L’architecture du lieu qui nous concerne, le Grand Café, n’a pas vraiment changé aujourd’hui. Le propriétaire de l’époque, L. Boyer avait également ouvert en 1902 à Malzéville (et fermé en 1910) une guinguette, le café-restaurant- piste de danse « Cure d’Air Trianon », très connu aujourd’hui encore à cause de son architecture (G. Biet architecte), sa charpente métallique (Scherzer) et son ensemble de verrières (peintre Henri Bergé). Des voitures à chevaux assuraient alors la liaison entre les deux établissements entre Mai et Octobre.
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Plan de Nancy par Le Rouge et Desnos - 1752, édité en 1769
L'emplacement du futur jardin botanique créé quelques années plus tard en 1758
On remarque le jardin de la maison des Frères de Saint-Jean de Dieu et les terrains marécageux des Tanneries. La première porte Sainte-Catherine ici indiquée (repère O) sera déplacée plus à l'Est et le Quartier Royal n'est pas encore construit.
Quand Richard Mique eut élevé le quartier royal (1765-1770), la caserne Sainte-Catherine (caserne Thiry), la porte Sainte-Catherine fut déplacée et transportée, pierre par pierre, au- delà des casernes, là où elle se trouve actuellement. Démolie en août 1768, elle fut relevée en mars 1770 : la ville de Nancy reculait ses limites du côté de l'Est et la caserne était alors à l'intérieur des enceintes de la ville.
Les règlements et statuts du Collège de médecine sont connus (Lunéville 15 mai 1752) : » le collège de médecine se charge de faire des cours d’anatomie, de botanique et de chimie et il fera construire un bâtiment convenable à ces usages et fera planter et cultiver un jardin de toutes les plantes usuelles étrangères de même que toutes celles du pays, usuelles ou non »
L'université de Pont-à-Mousson existe depuis 1572 ayant été transférée à Nancy. Lors du transfert de l'Université de Pont-à-Mousson à Nancy en 1768, il est décidé que le Jardin botanique de la porte Sainte- Catherine servirait à la Faculté de médecine pour l'explication des plantes.
A cette date, le jardin reçoit l'apport des plantes du Jardin Botanique de Pont-à-Mousson. La direction du jardin sera attachée aux fonctions de Président du Collège Royal de Médecine jusqu'à la disparition des établissements d'enseignement en 1792.
C'est le 19 juin 1758 que le premier Jardin Botanique de Nancy est créé. Stanislas donne un terrain domanial non occupé d’environ 8 arpents ou six jours un quart. Il est situé rue Sainte-Catherine alors baptisée "rue Neuve-des-Casernes" et sera dirigé par Charles Bagard, premier président du Collège royal de médecine de Nancy, Collège créé en 1752 par Stanislas ; celui-ci avait d’ailleurs voulu donner à Bagard ce jardin botanique en toute propriété mais ce dernier refusa cette grande générosité. Rappelons qu’alors le jardin était situé au-delà du premier emplacement de la porte Sainte-Catherine (située plus près de la ville qu’aujourd’hui ; par ailleurs la première rue Sainte-Catherine n’était pas perpendiculaire à la Place Stanislas)
Les principaux directeurs du jardin botanique, après Bagard, furent Sirejean, Buchoz, Guillemain, Remy-Willemet, Soyer-Willemet, Braconnot, Godron, Le Monnier. Le directeur n’enseigne pas directement la botanique au Collège, l’enseignement est assuré par un professeur.
Charles Bagard s'occupe avec soin de ce jardin pendant quinze années durant lesquelles il le peuple de tous les végétaux utiles qu'on peut alors se procurer.
Sur l’organisation première du jardin, les fonctions de jardinier, les directeurs ayant succédé à Bagard, nous disposons du texte de Godron :
Notice historique sur les Jardins botaniques de Pont-à- Mousson ct de Nancy, 1872
Pierre Joseph Buc'hoz, auteur du premier plan du jardin
Pierre-Joseph Buc'hoz, né à Metz le 27 janvier 1731, mort à Paris le 30 janvier 1807, est un avocat, médecin, et compilateur du XVIIIᵉ siècle. Il est surtout connu pour ses nombreuses publications dans le domaine de la botanique, En 1759, il obtient le titre de médecin ordinaire de Stanislas Leszczynski. Pierre-Joseph Buc'hoz s’occupe pendant quelque temps de son nouvel état, mais il le quitte bientôt pour se livrer entièrement à la botanique et à la matière médicale
Un plan publié par Buchoz et gravé aux frais de Bagard donne une idée du jardin nouvellement créé; il est antérieur à 1767 mais nous connaissons surtout le plan beaucoup plus précis, dit de Beaupré, postérieur, dédié au Duc de Choiseul.
Plan de Buc'hoz (aux frais de Bagard)
Plan peu précis antérieur à 1767
Entrée sur la rue Neuve des casernes (rue Sainte-Catherine).
Plan dédié au Duc de Choiseul (Plan dit de Beaupré)
Plan précis réalisé entre 1767 et 1772 (date de la mort de C. Bagard)
Au XVIIIe siècle, le
jardin était le rendez-vous des beaux esprits , de la bonne société et
des convalescents .
Son entrée n'était pas exclusivement publique ; les règlements de police admettaient des exceptions , qui paraîtraient de nos jours des plus vexatoires ; mais on les considéraient alors comme très sages et prudentes .
Nous connaissons un exemplaire d'un placard qui fut affiché dans la ville de Nancy ; quoiqu'il ne soit ni daté ni signé , il nous dit assez l'esprit de son époque :
Le collège de médecine , qui s'occupe à maintenir le bon
ordre , à corriger les inconvénients et les abus qui peuvent avoir lieu
dans le Jardin Royal des Plantes , a chargé le jardinier de se
conformer au règlement ci-joint :
" L'entrée du jardin sera défendue aux enfants , à moins qu'ils ne soient surveiller , pour les empêcher de pénétrer dans les carreaux , dans la crainte qu'ils ne détériorent les plantes botaniques , ou qu'ils ne s'empoisonnent par les vénéneuses qu'on y cultive .
" Les personnes qui viendront s'y promener , sont priées de ne pas amener de chiens , qui seraient exposés à périr par les poisons qu'on a répandus , pour écarter les rats et les mulots .
" Les domestiques et les gens de livrée resteront à la porte d'entrée , excepté ceux absolument nécessaires à leurs maîtres malades .
" Les soldats qui ne seront pas munis de permission du Président du Collège , ou du Professeur de Botanique , pour cause d'instruction , ne pourront y entrer ."
Cette promenade était publique , à condition qu'il n'y ait ni enfants , ni chien , ni chiens , ni domestiques , ni valets ni soldats .
Le Collège de médecine se montrait au- moins aussi exigeant , vis à vis du public , que le sont certains propriétaires par rapport aux locataires .
Malgré ces sévères recommandations , le jardin Botanique était très fréquenté , et s'il est des accommodements avec le ciel , pour passer de vie à trépas , on graissait , dans les cas urgents , la patte au jardinier , qui faisait l'aveugle .
Quant à l'histoire des plantes vénéneuses , pour les enfants et de la mort aux rats pour les chiens , c'était le hou ! hou !!! des médecins du bon vieux temps , qui aimaient plus à effrayer leurs pratiques , qu'à guérir de leurs maux .
Après le placard que nous venons de lire , il faut ajouter la description que Lionnois est censé donner du jardin Botanique , en 1788 .
On remarquera , en lisant cet auteur , que le Collège de médecine avait , depuis cette époque, pris des mesures préventives plus efficaces que celles visées par son règlement
" Nous plaçons ici , dit cet auteur , t. II p.180 , le Jardin Royal des Plantes , plus connu sous le nom de Jardin Botanique , parce qu'il appartient au collège de médecine , et que ses Présidents en sont les Directeurs .
C'est à l'extrémité de la rue Neuve Sainte-Catherine , près de la porte de ce nom , et vis-à-vis du beau Corps Royal des casernes , qu'il est situé , quoique son entrée soit dans la rue des Champs (Godron) par une grande porte à grille de fer , qui laisse apercevoir le jardin , et par une petite porte qui conduit au logement du jardinier .
Il doit son existence aux soins de M. Bagard , premier Président du Collège royal de médecine , aux sollicitations duquel le Roi de Pologne accorda le terrain .
Il contient environ huit arpents .
On y trouve :
1° quatre grands carreaux , dont les deux premiers sont entièrement occupés par des plantes rangées selon la méthode du chevalier de Linné , et les deux autres servent de magasin végétal .
Ces quatre carreaux sont fermés par des haies de charmilles et de troëne , qui les rendent inaccessibles aux animaux et aux enfants (sic) .
Au dessous , règne une grande allée en terrasse , terminée par une loge en maçonnerie ;
2° au bout de cette partie , à l'Orient , et au-dessus du bois , est un compartiment en gazon garni d'arbres conifères et de fleurs d'ornement ;
3° un bosquet planté d'arbres , d'arbrisseaux et d'arbustes indigènes , dans lequel on trouve le Catalpa , bel arbre exotique originaire des Indes , qui s'y est naturalisé , l'Ebénier des Alpes , le faux Olivier , le Rhamnoïde , le Camerisier des Alpes , le Sureau à grappes des montagnes , plusieurs platanes et châtaigniers .
Au fond de ce bosquet et au Midi , est bâtie une très belle serre à quatre pans , destinée à la conservation des végétaux exotiques fort curieux , et en grand nombre ;
4° la seconde partie du jardin , renferme une espèce de forêt , remplie d'arbres de plusieurs , parmi lesquels on distingue le Sorbier des oiseleurs , le Sureau à feuilles déchiquetées , le Saule de Babylone , le Putiet , le bois de Sainte-Lucie , le Daumier , le Tamarisse et plusieurs Aliziers .
A côté , est un berceau couvert par le faux Acacia , le Cornouillier de Virginie , et celui du pays ;
5° ce jardin est coupé par plusieurs belles allées , qui servent à la promenade .
Sa partie basse , autrefois marécageuse , est maintenant cultivée et remplie de plantes potagères et comestibles ."
Source : Les Rues de Nancy , Ch. Courbe t.III p.193 , 1886 :
Jardin Botanique : (cf)
Son entrée n'était pas exclusivement publique ; les règlements de police admettaient des exceptions , qui paraîtraient de nos jours des plus vexatoires ; mais on les considéraient alors comme très sages et prudentes .
Nous connaissons un exemplaire d'un placard qui fut affiché dans la ville de Nancy ; quoiqu'il ne soit ni daté ni signé , il nous dit assez l'esprit de son époque :
Avis Au Public:
" L'entrée du jardin sera défendue aux enfants , à moins qu'ils ne soient surveiller , pour les empêcher de pénétrer dans les carreaux , dans la crainte qu'ils ne détériorent les plantes botaniques , ou qu'ils ne s'empoisonnent par les vénéneuses qu'on y cultive .
" Les personnes qui viendront s'y promener , sont priées de ne pas amener de chiens , qui seraient exposés à périr par les poisons qu'on a répandus , pour écarter les rats et les mulots .
" Les domestiques et les gens de livrée resteront à la porte d'entrée , excepté ceux absolument nécessaires à leurs maîtres malades .
" Les soldats qui ne seront pas munis de permission du Président du Collège , ou du Professeur de Botanique , pour cause d'instruction , ne pourront y entrer ."
Cette promenade était publique , à condition qu'il n'y ait ni enfants , ni chien , ni chiens , ni domestiques , ni valets ni soldats .
Le Collège de médecine se montrait au- moins aussi exigeant , vis à vis du public , que le sont certains propriétaires par rapport aux locataires .
Malgré ces sévères recommandations , le jardin Botanique était très fréquenté , et s'il est des accommodements avec le ciel , pour passer de vie à trépas , on graissait , dans les cas urgents , la patte au jardinier , qui faisait l'aveugle .
Quant à l'histoire des plantes vénéneuses , pour les enfants et de la mort aux rats pour les chiens , c'était le hou ! hou !!! des médecins du bon vieux temps , qui aimaient plus à effrayer leurs pratiques , qu'à guérir de leurs maux .
Après le placard que nous venons de lire , il faut ajouter la description que Lionnois est censé donner du jardin Botanique , en 1788 .
On remarquera , en lisant cet auteur , que le Collège de médecine avait , depuis cette époque, pris des mesures préventives plus efficaces que celles visées par son règlement
" Nous plaçons ici , dit cet auteur , t. II p.180 , le Jardin Royal des Plantes , plus connu sous le nom de Jardin Botanique , parce qu'il appartient au collège de médecine , et que ses Présidents en sont les Directeurs .
C'est à l'extrémité de la rue Neuve Sainte-Catherine , près de la porte de ce nom , et vis-à-vis du beau Corps Royal des casernes , qu'il est situé , quoique son entrée soit dans la rue des Champs (Godron) par une grande porte à grille de fer , qui laisse apercevoir le jardin , et par une petite porte qui conduit au logement du jardinier .
Il doit son existence aux soins de M. Bagard , premier Président du Collège royal de médecine , aux sollicitations duquel le Roi de Pologne accorda le terrain .
Il contient environ huit arpents .
On y trouve :
1° quatre grands carreaux , dont les deux premiers sont entièrement occupés par des plantes rangées selon la méthode du chevalier de Linné , et les deux autres servent de magasin végétal .
Ces quatre carreaux sont fermés par des haies de charmilles et de troëne , qui les rendent inaccessibles aux animaux et aux enfants (sic) .
Au dessous , règne une grande allée en terrasse , terminée par une loge en maçonnerie ;
2° au bout de cette partie , à l'Orient , et au-dessus du bois , est un compartiment en gazon garni d'arbres conifères et de fleurs d'ornement ;
3° un bosquet planté d'arbres , d'arbrisseaux et d'arbustes indigènes , dans lequel on trouve le Catalpa , bel arbre exotique originaire des Indes , qui s'y est naturalisé , l'Ebénier des Alpes , le faux Olivier , le Rhamnoïde , le Camerisier des Alpes , le Sureau à grappes des montagnes , plusieurs platanes et châtaigniers .
Au fond de ce bosquet et au Midi , est bâtie une très belle serre à quatre pans , destinée à la conservation des végétaux exotiques fort curieux , et en grand nombre ;
4° la seconde partie du jardin , renferme une espèce de forêt , remplie d'arbres de plusieurs , parmi lesquels on distingue le Sorbier des oiseleurs , le Sureau à feuilles déchiquetées , le Saule de Babylone , le Putiet , le bois de Sainte-Lucie , le Daumier , le Tamarisse et plusieurs Aliziers .
A côté , est un berceau couvert par le faux Acacia , le Cornouillier de Virginie , et celui du pays ;
5° ce jardin est coupé par plusieurs belles allées , qui servent à la promenade .
Sa partie basse , autrefois marécageuse , est maintenant cultivée et remplie de plantes potagères et comestibles ."
Source : Les Rues de Nancy , Ch. Courbe t.III p.193 , 1886 :
Jardin Botanique : (cf)
Plan du Jardin botanique créé sur décision de Stanislas
Don de M. Godron fait en 1873
C’est Dominique-Alexandre Godron, doyen de la faculté des sciences, qui réaménage le jardin en créant une grande école de botanique en 1868. Il rédige l’histoire du jardin botanique et évoque l’existence de la première serre en 1781 (cf)
Plan du jardin en 1870
Le Jardin Botanique actuel
en 1886 ne ressemble absolument en rien , à celui dont Lionnois nous
donne la description , en 1788 .
A cette époque , il pouvait évidemment être recherché par les beaux esprits et la bonne société , qu'attiraient ses ombrages , ses bosquets , la diversité de ses plantes .
En cette fin de 18ème siècle , c'est un petit désert , où les plantes ont elles-mêmes l'air de beaucoup s'ennuyer dans leurs parterres .
Depuis que le Jardin Botanique a été bouleversé , depuis qu'on a fait disparaître ses bosquets , ses oasis , la population a perdu l'habitude d'aller s'y promener .
Si ce n'étaient les serres , qui attirent encore quelques curieux le dimanche , ce serait , de nos jours , le lieu le plus solitaire de Nancy .
C'est probablement vers 1800 , qu'on a transformé , pour la première fois , le Jardin Botanique ; car on lit , dans la Statistique du Préfet Marquis à la page 122 : " Le Jardin Botanique est aujourd'hui un des plus riches de la République ; il contient plus de 4000 plantes , tant indigènes qu'exotiques .
On vient de creuser un carreau , où l'on introduit l'eau à volonté , pour y élever des plantes aquatiques ; on a élevé , en même temps , un tertre pour celles des montagnes ; il y existe aussi une serre chaude , mais qui est devenue insuffisante , et que je me propose de faire agrandir ."
Nous ne croyons pas que le Préfet Marquis ait donné suite à ce dernier projet , quoique ce Préfet se soit beaucoup intéressé à l'amélioration de ce jardin .
Il a commencé par en réglementer la police intérieure , en l'an X.
A cette époque , il servait encore de lieu de réunion et de promenade publique , ainsi que le prouve cet entrefilet :
" Un arrêté du Préfet , relatif à la police du Jardin Botanique , porte que ce jardin sera ouvert au public les matins , jusqu'à midi , et depuis deux heures jusqu'à la chute du jour ; les enfants ne peuvent y entrer , qu'accompagnés de personnes capables de les empêcher de faire des dégâts ; il est défendu d'y amener des chiens ; il est expressément défendu à toute personne de pénétrer dans les carreaux , de toucher aucunes plantes ou fleurs , et d'y tendre des pièges à oiseaux ." ( Meurthe , 19 ventôse an X ) .
De tous temps , les enfants seuls et les chiens ont été exclus de l'entrée du Jardin Botanique , alors qu'ils avaient un accès facile à la Pépinière .
Chaque fois que Joséphine passait à Nancy , pour se rendre à Plombières , elle ne manquait pas de s'arrêter quelques heures dans notre ville , où une réception brillante lui était réservée , et ne manquait jamais non plus , d'aller visiter le Muséum et le Jardin Botanique , pour lequel elle s'éprit d'une singulière affection .
Son premier voyage à Plombières , par Nancy , date du 26 fructidor an VI , et son dernier passage retournant de Plombières à Paris , du 16 août 1809 .
Nous avons presque toutes les relations de ses différents passages dans notre ville , où elle avait su conquérir , à un haut degré , l'estime des nancéiens. En 1805, Joséphine de Beauharnais, à la suite de sa visite à Nancy, fera don au jardin d'un lot de plantes rares cultivées au château de Malmaison.
Journal De La Meurthe , le 19 thermidor an IX , qui , sans être une des plus curieuse , se rattache à l'histoire du Jardin Botanique
référence
En 1854, le botaniste Dominique Alexandre Godron devient le directeur du jardin botanique ; il lui donnera son aspect actuel. Il décide en 1867 de faire construire des serres, créées par l'architecte Dominique Morey et réalisées par Albert Michaux.
Le jardin porte le nom de ce scientifique qui dirigea le jardin dans la seconde moitié du XIXe siècle.
1872 Notice historique sur les jardins botaniques de Pont-à-Mousson et de Nancy / par D. A. Godron,...
Auteur : Godron, Dominique-Alexandre (1807-1880). Auteur du texte
Sur la rue des Champs et Dominique Alexandre Godron par Emile Badel:
Rue ouverte de 1756 à 1763 à travers les jardins et nommée rue des Champs, pour rappeler, comme les rues des Prés, de la Prairie et du Tapis-Vert, qu'elle menait-aux champs et à la campagne voisine de la Meurthe.
Le 19 février 1889, le vocable des Champs disparut, et la municipalité donna le nom de rue Godron à cette humble artère. (Décret de M. Carnot, 8 avril 1889).
Au moment où la rue des Champs devenait ainsi la rue Godron, j'écrivais ces lignes dans l' Express de l'Est, journal quotidien, fondé par Oswald Leroy :
« Pleurez, nymphes des prairies, pleurez, Pans et dryades, la rue des Champs n'est plus.
S'il vivait encore, Courbe le nancéiste, n'aurait pas assez de foudres vengeresses pour atteindre ceux qui lui ont enlevé ce vocable si précieux.
Voici ce qu'il disait dans ses Hues de Nancy :
La rue des Champs a eu le rare privilège de conserver intact son nom originel et d'échapper aux caprices des révolutionnaires et des néo-nancéiens.
Ce n'est pas que depuis longtemps on n'ait sollicité la municipalité de la débaptiser. Nous ne savons comment elle a pu résister à tant de sollicitations. Un bon point à nos édiles passés...
Pourquoi une rue des Champs en plein Nancy ? c'était pour rappeler qu'avant la construction des casernes, il y avait en ce lieu de vastes terrains en jardins et prairies.
Nous ne serons pas si cruels que cet auteur nancéien et nous ne crierons pas au vandalisme, parce que nos édiles . présents ont donné un autre nom à la rue des Champs.
Peut-être on aurait pu choisir un autre vocable, Mique ou Sontgen, par exemple.
Si éminent que fut le botaniste Godron, il ne semblait pas
devoir mériter les honneurs de l'hodographie, pas plus que MM. Blondlot et Morey et tant d'autres aujourd'hui, célébrités de second ou de troisième plan.
Disons pourtant ce que fut l'homme auquel la municipalité a accordé un honneur, refusé à tant d'autres bienfaiteurs ou savants.
Dominique-Alexandre Godron, naquit à Hayauge(ancienne Moselle), le 25 mars 1807, et. devint un médecin fort estimé dans le pays messin. A Nancy, Godron fut chargé d'un cours d'histoire naturelle à la Faculté de médecine, et bientôt nommé directeur de l'Ecole.
Il fut nommé successivement recteurd'Académie à Vesoul, Montpellier, Besançon ; puis il revint en 4851 organiser la Faculté des sciences de Nancy, dont il fut iummé doyen. Godron mourut à Nancy le 16 août 1880, n° 3, rue Désilles. Il était titulaire d'un siège à l'Académie de Stanislas, officier de la Légion d'honneur et membre de nombreuses Sociétés, dont il enrichit les Mémoires de ses travaux estimés, au nombre de 140.
Godron a publié des ouvragés importants: la Flore de France, la Flore de Lorraine, la Géographie botanique de la Lorraine; travaux utiles qui resteront et feront longtemps connaître le nom du savant nancéien qui, toute sa vie, fut bien modeste et bien désintéressé.
La vie de Godron a été écrite par M. Fliche, un de ses plus brillants disciples, en 1887 ; et aussi par Jules Lejeune, en 1880. »
Le buste de ce savant existe au Musée d'histoire naturelle, dont il avait écrit l'histoire en 1872.
Aux numéros 9 et 17, date de 1764 ; — au n° 11, entrée du Jardin Botanique, fondé en 1752, par Stanislas."
A cette époque , il pouvait évidemment être recherché par les beaux esprits et la bonne société , qu'attiraient ses ombrages , ses bosquets , la diversité de ses plantes .
En cette fin de 18ème siècle , c'est un petit désert , où les plantes ont elles-mêmes l'air de beaucoup s'ennuyer dans leurs parterres .
Depuis que le Jardin Botanique a été bouleversé , depuis qu'on a fait disparaître ses bosquets , ses oasis , la population a perdu l'habitude d'aller s'y promener .
Si ce n'étaient les serres , qui attirent encore quelques curieux le dimanche , ce serait , de nos jours , le lieu le plus solitaire de Nancy .
C'est probablement vers 1800 , qu'on a transformé , pour la première fois , le Jardin Botanique ; car on lit , dans la Statistique du Préfet Marquis à la page 122 : " Le Jardin Botanique est aujourd'hui un des plus riches de la République ; il contient plus de 4000 plantes , tant indigènes qu'exotiques .
On vient de creuser un carreau , où l'on introduit l'eau à volonté , pour y élever des plantes aquatiques ; on a élevé , en même temps , un tertre pour celles des montagnes ; il y existe aussi une serre chaude , mais qui est devenue insuffisante , et que je me propose de faire agrandir ."
Nous ne croyons pas que le Préfet Marquis ait donné suite à ce dernier projet , quoique ce Préfet se soit beaucoup intéressé à l'amélioration de ce jardin .
Il a commencé par en réglementer la police intérieure , en l'an X.
A cette époque , il servait encore de lieu de réunion et de promenade publique , ainsi que le prouve cet entrefilet :
" Un arrêté du Préfet , relatif à la police du Jardin Botanique , porte que ce jardin sera ouvert au public les matins , jusqu'à midi , et depuis deux heures jusqu'à la chute du jour ; les enfants ne peuvent y entrer , qu'accompagnés de personnes capables de les empêcher de faire des dégâts ; il est défendu d'y amener des chiens ; il est expressément défendu à toute personne de pénétrer dans les carreaux , de toucher aucunes plantes ou fleurs , et d'y tendre des pièges à oiseaux ." ( Meurthe , 19 ventôse an X ) .
De tous temps , les enfants seuls et les chiens ont été exclus de l'entrée du Jardin Botanique , alors qu'ils avaient un accès facile à la Pépinière .
Chaque fois que Joséphine passait à Nancy , pour se rendre à Plombières , elle ne manquait pas de s'arrêter quelques heures dans notre ville , où une réception brillante lui était réservée , et ne manquait jamais non plus , d'aller visiter le Muséum et le Jardin Botanique , pour lequel elle s'éprit d'une singulière affection .
Son premier voyage à Plombières , par Nancy , date du 26 fructidor an VI , et son dernier passage retournant de Plombières à Paris , du 16 août 1809 .
Nous avons presque toutes les relations de ses différents passages dans notre ville , où elle avait su conquérir , à un haut degré , l'estime des nancéiens. En 1805, Joséphine de Beauharnais, à la suite de sa visite à Nancy, fera don au jardin d'un lot de plantes rares cultivées au château de Malmaison.
Journal De La Meurthe , le 19 thermidor an IX , qui , sans être une des plus curieuse , se rattache à l'histoire du Jardin Botanique
référence
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En 1854, le botaniste Dominique Alexandre Godron devient le directeur du jardin botanique ; il lui donnera son aspect actuel. Il décide en 1867 de faire construire des serres, créées par l'architecte Dominique Morey et réalisées par Albert Michaux.
Le jardin porte le nom de ce scientifique qui dirigea le jardin dans la seconde moitié du XIXe siècle.
1872 Notice historique sur les jardins botaniques de Pont-à-Mousson et de Nancy / par D. A. Godron,...
Auteur : Godron, Dominique-Alexandre (1807-1880). Auteur du texte
Sur la rue des Champs et Dominique Alexandre Godron par Emile Badel:
Rue ouverte de 1756 à 1763 à travers les jardins et nommée rue des Champs, pour rappeler, comme les rues des Prés, de la Prairie et du Tapis-Vert, qu'elle menait-aux champs et à la campagne voisine de la Meurthe.
Le 19 février 1889, le vocable des Champs disparut, et la municipalité donna le nom de rue Godron à cette humble artère. (Décret de M. Carnot, 8 avril 1889).
Au moment où la rue des Champs devenait ainsi la rue Godron, j'écrivais ces lignes dans l' Express de l'Est, journal quotidien, fondé par Oswald Leroy :
« Pleurez, nymphes des prairies, pleurez, Pans et dryades, la rue des Champs n'est plus.
S'il vivait encore, Courbe le nancéiste, n'aurait pas assez de foudres vengeresses pour atteindre ceux qui lui ont enlevé ce vocable si précieux.
Voici ce qu'il disait dans ses Hues de Nancy :
La rue des Champs a eu le rare privilège de conserver intact son nom originel et d'échapper aux caprices des révolutionnaires et des néo-nancéiens.
Ce n'est pas que depuis longtemps on n'ait sollicité la municipalité de la débaptiser. Nous ne savons comment elle a pu résister à tant de sollicitations. Un bon point à nos édiles passés...
Pourquoi une rue des Champs en plein Nancy ? c'était pour rappeler qu'avant la construction des casernes, il y avait en ce lieu de vastes terrains en jardins et prairies.
Nous ne serons pas si cruels que cet auteur nancéien et nous ne crierons pas au vandalisme, parce que nos édiles . présents ont donné un autre nom à la rue des Champs.
Peut-être on aurait pu choisir un autre vocable, Mique ou Sontgen, par exemple.
Si éminent que fut le botaniste Godron, il ne semblait pas
devoir mériter les honneurs de l'hodographie, pas plus que MM. Blondlot et Morey et tant d'autres aujourd'hui, célébrités de second ou de troisième plan.
Disons pourtant ce que fut l'homme auquel la municipalité a accordé un honneur, refusé à tant d'autres bienfaiteurs ou savants.
Dominique-Alexandre Godron, naquit à Hayauge(ancienne Moselle), le 25 mars 1807, et. devint un médecin fort estimé dans le pays messin. A Nancy, Godron fut chargé d'un cours d'histoire naturelle à la Faculté de médecine, et bientôt nommé directeur de l'Ecole.
Il fut nommé successivement recteurd'Académie à Vesoul, Montpellier, Besançon ; puis il revint en 4851 organiser la Faculté des sciences de Nancy, dont il fut iummé doyen. Godron mourut à Nancy le 16 août 1880, n° 3, rue Désilles. Il était titulaire d'un siège à l'Académie de Stanislas, officier de la Légion d'honneur et membre de nombreuses Sociétés, dont il enrichit les Mémoires de ses travaux estimés, au nombre de 140.
Godron a publié des ouvragés importants: la Flore de France, la Flore de Lorraine, la Géographie botanique de la Lorraine; travaux utiles qui resteront et feront longtemps connaître le nom du savant nancéien qui, toute sa vie, fut bien modeste et bien désintéressé.
La vie de Godron a été écrite par M. Fliche, un de ses plus brillants disciples, en 1887 ; et aussi par Jules Lejeune, en 1880. »
Le buste de ce savant existe au Musée d'histoire naturelle, dont il avait écrit l'histoire en 1872.
Aux numéros 9 et 17, date de 1764 ; — au n° 11, entrée du Jardin Botanique, fondé en 1752, par Stanislas."
Les
serres du Jardin Botanique en face de la caserne Thiry.
Projet de Prosper Morey 1866-67
Projet de Prosper Morey 1866-67
Le jardin botanique, les serres au début du 20ème siècle, carte Royer
C'est en 1867 que furent construites les serres par l'architecte municipal Prosper Morey
13 août 1911 : Jardin botanique (Parc Godron - serre, musée aquarium actuel)
Autochromes de Julien Gérardin (1860-1924), notaire et photographe.
Numérisés par Azentis pour l’Ecole nationale supérieure d’art de Nancy (ENSA) (cf)
** Quartier Sainte-Catherine **
Vue de la porte Ste Catherine et de l'institut botanique depuis la cour des casernes Thiry
Collection Jean-Luc Nallier Référence
En 1930, les serres sont détruites à la suite de la construction de l'institut de botanique( photo ci-dessus) et de zoologie de Nancy. Les plantes de serres sont transférées aux serres municipales au parc Olry.
Le jardin botanique en 1934
Institut agricole et colonial / Institut botanique ou agronomique, années 30
Le jardin botanique juste après la construction de l'institut zoologique 1933 par Jacques et Michel André
Museum aquarium aujourd'hui
1911 plan du jardin botanique avec
les serres le long de la rue Sainte-Catherine (gauche)
1934 plan avec le jardin, les instituts de zoologie et agronomique, les serres ont été détruites (à droite)
1934 plan avec le jardin, les instituts de zoologie et agronomique, les serres ont été détruites (à droite)
Destruction d’une petite serre du jardin botanique suite au bombardement du 10 mai 1940. On voit la porte Sainte-Catherine et au fond le bâtiment des Archives municipales avec sa cheminée en brique. (cf)
En 1976, la ville de Nancy cède l'administration de ce jardin à une structure nouvellement créée, les Conservatoire et jardins botaniques de Nancy (CJBN), qui regroupent également le très vaste jardin botanique du Montet à Vandœuvre-lès-Nancy, et le jardin d'altitude du Haut-Chitelet dans le massif des Vosges.
En 1993, le jardin est rétrocédé à la ville de Nancy qui lui donne alors son nom actuel. Le jardin perd également sa vocation botanique (les collections étant déplacées au jardin du Montet) pour devenir davantage pédagogique.
En 2010, le jardin est décoré du label Jardin remarquable.
Le Jardin d’eau voisin (ici le canal des iris) et le jardin botanique Alexandre Dominique Godron sont en parfaite continuité .
Arbres rares, collections horticoles, véritable show-room des services Parcs et Jardins de la ville
Plantes et essences de nos climats du 18ème siècle à nos jours
Biodiversité à Nancy : hôtel pour insectes et parterres de fleurs délimités par les buis
Monument de Jules Crevaux (1847-1882) par Benoit Godet (*).
Grand médecin explorateur lorrain Jules Crevaux réalisa de nombreuses expéditions de 1877 à 1882 en Amérique du Sud avec le fidèle noir Boni Apatou.
Guyane, Andes, Amazone, Venezuela, Nouvelle- Grenade, Bolivie; les Tobas massacrent la dernière mission avec la plus grande sauvagerie le 27 mars 1882.
Médecin s’intéressant à la fièvre jaune, au curare, aux infections tropicales, il avait aussi des compétences reconnues en botanique, zoologie, géographie et ethnologie
(*) on retrouve ses sculptures à l'Hôtel de Saint-Lambert (Pierre Blarru et Jean-François de Saint-Lambert. Il restaura également les statues de l'hémicycle, place du Générall de Gaulle.
Sur
le monument de Jules Crevaux 1885 par Benoit-Godet
Architecte Jasson
Portrait de Jules Crevaux explorateur et médecin de la marine,
avant 1882 Musée Carnavalet Paris
Architecte Jasson
Portrait de Jules Crevaux explorateur et médecin de la marine,
avant 1882 Musée Carnavalet Paris
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- Traité historique des plantes qui croissent dans la Lorraine et les Trois- Évêchés par P. J. Buchoz Pierre-Joseph (1731-1807) ou ICI