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Jean-Nicolas-Victor Huel, une noble figure de l'art lorrain

Charles Bagard (1696-1772) et le jardin botanique de N


Jean-Nicolas-Victor Huel (Nancy 1844- Nancy 1923) s'est intéressé très tôt à l’art sacré et à la statuaire religieuse peut-être à cause d’un père sacristain; il fait sa formation chez Jean-Pierre Paulus puis Giorné Viard. Son atelier, rue Bergnier est visible sur les photos aériennes du site Géoportail de 1947.Son fils Victor Huel lui succède en 1916.




La Furie désigne un lieu-dit le l’ancien village de Saint-Dizier, partagé entre Furie Pointe et Grande Furie par le sentier Marchand qui deviendra la rue Bergnier ; le sentier de la Furie deviendra le passage Digot. Le village de Saint-Dizier, on le sait, deviendra le quartier des Trois-Maisons. Victor Huel fut le premier occupant de la Furie Pointe.



A Notre-Dame-de-Lourdes, de gauche à droite: Charles Noël (entrepreneur) Jules Criqui (architecte), Victor Huel père, Victor Huel fils, un compagnon et les représentations des deux sculpteurs sur un chapiteau ​

Une allée de Nancy porte son nom depuis 1934 (ex allée Chopin), impasse située derrière le cimetière de Préville.

Ses œuvres sont très nombreuses en Lorraine et particulièrement à Nancy, réalisées en pierre, en bois, en bronze, en marbre ou en stuc. Statues, bustes, bas-reliefs, groupes sont réalisées entre 1864 et 1916 ; citons par exemple :
Saint-Joseph, à la cathédrale, des anges à Bonsecours, Sébastien brandissant la croix (la foi) et le duc Léopold tenant la charte de la fondation de l’église, sur le portail de l’église Saint-Sébastien (1886), l’Immaculée Conception à Saint-Sébastien, Joseph à Saint-Joseph, des bustes au château d’Haroué (Bassompierre, Beauvau), anges et Joseph à la basilique du Sacré-Cœur, évangélistes à Saint-Pierre, le grand Saint Antoine de la Cure d’Air (1901), chemins de croix en pierre,….

Ce qu’en dit la presse lors de sa disparition en 1923 :

« Ce que le Lorrain aurait pu ajouter, en parlant de Victor Huel père, c'est que ce brave et vaillant artiste statutaire, qui a ciselé depuis 70 ans bientôt, des centaines de bustes et de statues, n'a jamais obtenu la moindre récompense, ni de l'Eglise, ni de l'Etat, ni les palmes académiques, tant prodiguées cependant, ni ces médailles pro Ecclesia qu'on donne à profusion. »
« Le bon M. Huel est mort quelques semaines avant la parution d’une brochure qui lui était consacrée; presque tous les journaux de Nancy et de la région ont écrit des articles nécrologiques sur Victor Huel père et ont reproduit tout ou partie de cette récente brochure, ce dont nous les remercions de tout coeur. «

« Tous ces hommages de la presse consolent un peu les amis du bon sculpteur de l'ostracisme étrange dans lequel il fut tenu depuis soixante ans, y compris lors de ses obsèques où aucun ecclésiastique n’était présent. »

Sur Victor Huel fils :

Les œuvres réalisées par son fils Victor Huel (1875-1953) entre 1900 et 1931, statuaire également, sont extrêmement nombreuses en Lorraine : groupe sculpté Sainte Anne à Malzéville, bas-relief représentant l'Adoration des mages et des bergers, portail de l’église Saint-Joseph à Nancy, inauguré le 19 mars 1925; tympan à cinq personnages du portail principal de la basilique du Sacré-Cœur (d'après les dessins de Criqui), inauguré le 31 octobre 1926; chapiteaux historiés (sur la vie de la Vierge) de la basilique Notre-Dame de Lourdes(architecte : Criqui), en projet en 1923, réalisés après 1928; médaillon en haut-relief du tombeau du chanoine Henri Blaise (architecte : Criqui ; marbrier : Étienne) en marbre blanc; poilu mourant du monument aux morts de l’église Saint-Fiacre (architecte : Criqui ; marbrier : Étienne) ; bas-relief : Pierson de Vaucouleurs), faubourg des Trois-Maisons, Nancy, 1923; buste d’Emile Badel, exposé au Salon de Nancy en 1910.

Entre 1916 et 1923 date de la mort de Hurel père et même avant, il est parfois difficile de dire précisément qui a fait quoi du père ou du fils.



Eglise Saint-Sébastien, sculptures de Victor Huel père: Saint-Sébastien, l'Immaculée Conception, le Duc Léopold​
Figure colossale de Saint Antoine de Padoue à la Cure d'Air ( 1901-hauteur 3,20m)​


AUTRE EXEMPLE CONCERNANT Victor Huel fils, LE POILU DE Dieulouard



 Voilà ce qu’on en dit en 1921:

"On a inauguré solennellement le lundi 11 juillet 1921 une très belle statue de Poilu français, sur les Roches de Scarpone, au-dessus de Dieulouard. Cette statue de 2 mètres de hauteur est en pierre blanche taillée dans un seul bloc, elle est l’oeuvre du vaillant et modeste sculpteur, Victor Huel fils, digne continuateur des oeuvres innombrables de son vénéré père.
Debout au sortir de la tranchée derrière des fascinages, accoutré de sa tenue de campagne avec tout son harnachement de guerre, le Poilu est là, l’arme au pied, en sentinelle vigilante, prêt à s'élancer contré l’ennemi au premier signal. Il veille, il attend, superbe de vie avec une sérénité confiante, décoré de la Croix de Guerre, de la fourragère le soldat français vainqueur qui personnifiera sur ces historiques hauteurs les 120 enfants de Dieulouard morts pour la Patrie durant la grande guerre.
Sur d'immenses plaques de- marbre blanc, dans une chapelle votive, construite en moellons et en ciment armé par Malot, sont gravés les noms de tous ces glorieux morts.
Aux années qui vont suivre le zélé curé de Dieulouard, M. l’ abbé Clanché, espère ajouter au Poilu français, le Poilu gallo-romain d'autrefois qui combattit les Alamans sous Jovin, en 451 et qui refoula déjà l'envahisseur de Metz et de Scarpone. Puis un troisième Poilu, le Poilu américain, puisque c'est de cet endroit même que s'élancèrent, en septembre 1918, les soldats des Etats-Unis à la conquête de Thiaucourt et de Saint- MihieL Et ce sera là assurément l'un des plus grandioses monuments de la guerre en Lorraine »

Et en 1923:


Le Monument de Dieulouard : chapelle vôtive de Dieulouard et la statue du Poilu.

"Le cliché que nous avons la bonne fortune de publier aujourd'hui représente le, très beau Monument commémoratif, inauguré solennellement le 11 novembre 1921, au-dessus des Roches de Scarpone, à l'un des points de vue les plus mervei leux de toute la vallée de la Moselle, entre Dieulouard et Pont- à-Mousson. Ce monument, de grande allure, a été érigé par le zèle actif et les soins persévérants du distingué et très érudit curé de Dieulouard-Scarpone, M. l'abbé Clanché. Il a près de quinze mètres de hauteur, du sol rocailleux à la tête de la Vierge, statue colossale en fonte bronzée, soutenue sur un trône élégant, en ciment armé, oeuvre de M. Malot. L'ensemble forme une petite chapelle, en laquelle sont placées trois belles plaques de marine, gravées par notre ami M. Etienne et rappelant, avec les noms de tous les glorieux morts, les grands jours de la guerre à Dieulouard. Sur la face ouest du monument, on remarque la magnifique statue du « Poilu en garde », chef- d'oeuvre de Victor Huel. Cette statue aura quelque jour pour pendant un guerrier gallo- romain, pour rappeler la terrible défaite des Alamans par Jovin aux lieux où fut Scarpone.
Ce monument, avec ses plaques de marbre, ses statues, sa décoration, a déjà, coûté plus de 60.000 francs. «