Claude Charles, peintre lorrain (Nancy 1661- Nancy 1747)
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Ecole lorraine XVIIIème, Portrait du peintre Claude Charles, peintre et hérault d'armes de Lorraine (Nancy 1661 - 1747). Dessin à la mine de plomb et au lavis.
Né
le 6 janvier 1661 à Nancy, fils de Jean Charles procureur au bailliage
et tabellion à Nancy. Il est d'abord élève, à Épinal, de Jean-Georges
Gérard qui excelle à peindre des Vierges d'après Dom Calmet. Tout juste
âgé de 16 ans, il part à Rome où il fréquente pendant neuf années
Giovanni Morandi et Carlo Maratta puis d'autres artistes pendant un
court séjour à Paris où il copie Poussin dans la galerie de Fréart
Chantelou. Il revient à Nancy, vers 1688, pour y épouser le 10
septembre 1690 Anne Racle, fille d'une famille d'orfèvres et de
graveurs.
Il devient peintre ordinaire du duc Léopold de Lorraine et son héraut
d'armes en 1703. Dès 1702, il est le premier directeur de l'Académie
Royale de peinture et de sculpture de Nancy. Il meurt à Nancy le 4 juin
1747, est inhumé au cimetière Saint-Roch. Ses cendres sont portées dans
la basilique de Saint-Nicolas-de-Port.
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La maison de Claude Charles à Nancy au 30 rue des Carmes.
A cette adresse habitait au début du 18ème siècle, le peintre Claude Charles,
et son historien Gabriel Michaut a fait placer sur la façade cette inscription
« Maison habitée de 1690 à 1747 par le peintre Claude Charles, héraut d’armes de la lorraine et de Bar. 1661-1747 »
La rue Claude Charles à Nancy a été tracée lors de la destruction de l'hôpital Saint-Julien (celui de la Ville-Neuve) en 1900.
Léopold le fait héraut d’armes en Lorraine en 1703. Il est également
honoré depuis 1702 du titre de premier directeur de l’Académie Royale
de
peinture et de sculpture de Nancy à qui succédera sous le règne de
Stanislas Jean Girardet premier peintre du roi de Pologne. Un voyage à
Venise
influence son art.
On
reconnait à Claude Charles une grande facilité dans la manière de
dessiner ; il forme de nombreux élèves : Chaman, Durand , Jean Charles
François (également graveur), Girardet, Jacquard, Provençal,… et si on ne
retrouve pas la
puissances des nocturnes de Georges de la Tour dans ses œuvres comme
d’ailleurs
dans celles des autres peintres lorrains de la fin 17ème début 18ème
siècle, on
apprécie le luminisme adouci qui caractérise son œuvre.
Léopold a recours à lui comme aussi à Charles Herbel et Nicolas Dupuy
qui tous
ont subi les influences françaises et italiennes. A son arrivée, le duc
Léopold
entreprend des travaux au Palais Ducal et Claude Charles participe à la
décoration en peignant des allégories sur les plafonds de la chambre du
duc et dans on cabinet de travail, œuvres disparues. Le premier plafond
représente le Triomphe de la peinture, de la sculpture et de
l’architecture, le
second célèbre la gloire des Grands.
On retrouvait l’influence de Le Brun à Versailles, avec un plafond à
caissons.
Puis Claude Charles travaille à Lunéville après le transfert de la Cour
dans cette ville. Devenu premier peintre du duc en 1701, il réalise
Hymen
présentant la Paix à la Lorraine accompagnée des figures de
l’Abondance, des
Arts et d’enfants lançant des fleurs. L’œuvre a également disparu.
Il a travaillé pour la salle de l’opéra de Nancy (illustration 1) ,
opéra démoli en 1749;
voir l'emplacement de l'opéra sur le plan 2 ci-dessous. Il réalise de
nombreuses peintures religieuses. Il a
également participé aux décorations funèbres faites en Lorraine sous
les règnes
de Léopold et François III.
On retrouve (ou retrouvait) ses
œuvres à Nancy à l’église du Collège des Jésuites
(voir plan 2 ci-dessous). Voir la reproduction du plafond de cette
église (illustration 1), Il a travaillé également à la paroisse
Saint-Sébastien, à l’église du Refuge, à l’église du Noviciat des
Jésuites, à
l’église des Capucins, à l’église des Cordeliers, à l’église des
Dominicains, à
l’Hôtel de Lunati, dans l’hôtel de Mahuet rue Saint-Dizier avec Barilli
(décor
détruit) ….On retrouve également ses œuvres ailleurs en Lorraine chez
les
Jésuites de Pont-à-Mousson, aux Carmes de Metz , au réfectoire de
l’abbaye de
Senones, dans des châteaux,
Une copie des célèbres Noces de
Cana de Véronèse réalisée par Claude
Charles en 1702 afin de décorer le couvent des Cordeliers se trouve au
Musée de
Nancy ; Léopold envoya Claude Charles exprès en Italie pour exécuter ce
tableau. L'abside de la cathédrale de Nancy est ornée de trois grandes
peintures de Claude Charles, elles représentent le couronnement de
Saint-Sigisbert et le même, intercesseur servant les pauvres, toiles
placées de
part et d'autres d'un tableau figurant des anges volant dans les nuées
(illustration 3).
Sous le règne de Léopold, les artistes lorrains ou étrangers
cohabitaient plus
ou moins bien mais une belle amitié existait entre Claude Charles et
Jacquart, Barilli, Chéron, Van Schuppen. Charles était d’ailleurs le
parrain d’un fils de Barilli. Le plafond de l’église du collège des
Jésuites,
édifice hélas détruit à la Révolution (illustration 1), est le fruit de
leur collaboration ;
on y voyait un trompe- l’oeil de Barilli et l’Apothéose de Saint-
Ignace par
Charles. Ce décor de 1717 était inspiré d’un décor identique à Rome.
Perspective en contre-plongée et décors constituaient le plus beau
décor
baroque de Nancy. Leur collaboration s’exerça également pour le plafond
de
l’escalier et du salon de l’hôtel de Mahuet (rue Saint-Dizier) hélas
également disparus qui représentaient un éloge à ce premier président
de la
cour souveraine..
Les artistes étrangers relevaient le prestige de la Cour lorraine et
l’ensemble
des artistes de ce début du 18ème siècle lorrains ou non ont permis à
Nancy
l’existence particulièrement originale d’un mélange d’art baroque
(commandes
plutôt de la part d’ecclésiastiques) et d’art classique (commande de la
Cour,
opéra excepté).
On sait que Bibienne fut accueilli de la meilleure manière par Léopold,
remplacé ensuite à son départ par Barilli qui perpétua le style baroque
italien
(voir aujourd’hui l’hôtel Ferrari).
Ce type de développement artistique du début 18ème disparut surtout
faute de
finances à l’époque de l’arrêt des chantiers du Louvre de Léopold et du
château
de la Malgrange et aussi de l’abandon du dôme de la Primatiale. Il
devenait
impossible d’envoyer les artistes compléter leur formation à l’étranger
ou à
Paris. Le règne de Francois III marque la fin de cette belle époque.
Claude Charles décède à Nancy le 4 juin 1747 après avoir travaillé
jusqu’à son
dernier jour ; il est inhumé au cimetière Saint-Roch.
Des œuvres de Claude Charles sont visibles dans le chœur de la
cathédrale de
Nancy (3).
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1 – A gauche : plafond du parterre de la salle
de
l’opéra de Nancy peint par Bibienne, Barilli, Claude Charles (directeur
de
l’académie et Premier peintre) et Provençal (professeur de l’Académie).
Décor
de l’opéra avec caissons en trompe l’œil, décorations avec courbes,
symétrie
stricte, allégories probablement de Charles, croix de Jérusalem,
symboles
héraldiques et croix de Lorraine.
Le 9 novembre 1709, la princesse Élisabeth-Charlotte assiste à la
première du
nouvel opéra d’Henri Desmarets Le Temple d’Astrée dans le tout nouveau
théâtre
conçut à Nancy pour Léopold par Francesco Bibienia.
A droite: plafond de l’église du Collège des Jésuites.
2 - Villes et citadelle de Nancy en 1720 (plan
de
Didier Bugnon, géographe (5)).
On remarque:
- la maison de Claude Charles (CC) ;
- l’emplacement de l’opéra (85) près du bastion des Dames (10) (bastion
des
Dames ou encore bastion de la « Court »). L’opéra se trouvait
approximativement
à l’emplacement de l’ancienne gendarmerie) ;
- le couvent des Carmes qui a donné son nom à la rue (63) et le petit
collège
des Jésuites et l’église(64) ;
- l’hôtel de Mahuet de Lupcourt (122);
- le Louvre de Léopold (86) et le chapitre de Saint-Georges (74)
3- Œuvres de Claude Charles à la cathédrale de Nancy.
4- La maison de Claude Charles à Nancy au 30 rue des Carmes.
A cette adresse habitait au début du 18ème siècle, le peintre Claude
Charles,
et son historien Gabriel Michaut a fait placer sur la façade cette
inscription
« Maison habitée de 1690 à 1747 par le peintre Claude Charles, héraut
d’armes
de la lorraine et de Bar. 1661-1747 »