Chambre de Commerce et d’Industrie de Meurthe et Moselle
(exposition à la CCI de Nancy)
L’immeuble
de la Chambre de Commerce et d’industrie du département est construit à
partir de 1906 à la place de l’Hôtel de Landreville, pour y
loger trois organismes : la Chambre de Commerce, la Bourse
et la riche Société Industrielle de l’Est. L’emplacement est
choisi près de la gare, quartier très dynamique alors en pleine
mutation.
Après un concours et 5 projets présentés, le projet néo-classique
d’Emile Toussaint (tué à la guerre) et Louis Marchal est retenu
mais Antonin Daum,
président de la commission des travaux orienta architecture et
décoration du bâtiment en prenant en compte le développement
de l’Art Nouveau. La charpente métallique est mise en œuvre
par Frédéric
Schertzer et l’acier riveté est fourni par l’usine de Pompey.
A l’été 1909, Louis Barthou, ministre des Travaux Publics inaugure
l’immeuble en même temps que l’Ecole des Beaux- Arts de Nancy et la
grande Exposition de l’Est de la France au Parc Sainte-Marie à Nancy.
CCI: cliché Belliéni de 1913 lors de
l'expo "la
cité Moderne"
Aujourd’hui, seule la Chambre de Commerce occupe le bâtiment d’ailleurs
agrandi vers la rue Stanislas ; la salle des Séances et la salle
Gruber accueillent de nombreuses manifestations.
La façade assez classique fait apparaître de façon modeste des
ornements végétaux « Art Nouveau » sous forme de
moulures avec l’érable, le chêne ou le chardon mais on admire
surtout les ferronneries de Louis Majorelle pour la marquise d’entrée,
les portes et les balcons ainsi que
les exceptionnels vitraux de Jacques Gruber pour les baies du
rez-de-chaussée .
Vitraux de l’espace Gruber et balcon du premier
étage ( ferronneries Majorelle)
Le haut des vitraux laisse passer la lumière pour éclairer la salle,
seul le bas est coloré pour protéger de la rue
Marquise de la porte d’entrée;
ferronneries extérieures par Majorelle;
feuillage d’érable au niveau des cartouches
« agriculture », « commerce »,
« industrie »
Marquise de la porte d’entrée;
ferronneries extérieures par Majorelle;
feuillage d’érable au niveau des cartouches
« agriculture », « commerce »,
« industrie »
Suspension de Majorelle au décor végétal, dans
le hall d’entrée;
poignée de porte en bronze doré aux samares, fruits de l’érable , par
Majorelle
Salle Lyautey: le Maréchal de France, né à
Nancy, est membre d’honneur à perpétuité;
Mobilier et décor Art Nouveau. Ici, la vitrine à horloge en cuivre et
chêne ainsi que deux des six portes de chêne dessinées par Toussaint et
Marchal. 32 plaques de 30X12 ornées du chardon nancéien ont été créées
par Amalric
Walter pour la frise de cette salle.
Livre d'or : reliure de Victor Prouvé, Camille
Martin et René Wiener;
maroquin et chagrin pyrogravé avec fermoir de bronze ciselé et doré;
Ce livre contient des signatures illustres
Salle Lyautey
Importante cheminée en vis-à-vis de la vitrine, mélange de cuivre et de
chêne.
Le chardon lorrain est repris un peu partout, quel que soit le
matériau
Pâte de verre Daum (procédé Almaric Walter-1909,
verrier chez Daum)
dans les lambris d’appui (de Petit, menuisier) et motif
au chardon
Salle Lyautey
Lumière intégrée dans les décors en stuc ; les boiseries
et Mercure, dieu du Commerce
(copie du Mercure Volant de Jean de Bologne au Louvre)
Espace Gruber
Plafond avec frises végétales ( fougères)
Louis Burtin stucateur et Pierre Claudin peintre à Nancy ont créé le
décor stuqué
des pièces du bâtiment
****
Ci-dessus, décor de la Salle des Séances de la
Chambre de Commerce et d’Industrie
de Meurthe- et- Moselle;
le décor signé Louis Burtin ( stucateur) est au ginkgo biloba, l’arbre
aux 40 écus; il évoque l’argent;
le lustre aux chardons est au musée de l’école de Nancy
Ci-dessous, la salle des séances en 1928 et la salle en 2013 après mise en place d'une nouvelle verrière. La verrière en plafond permet des projections;
Tableau représentant le Parc de la Pépinière à
Nancy par Auguste Michel Colle
( Salle des Séances de la Chambre de Commerce et d’Industrie de
Meurthe- et- Moselle)
*****
sur la relation entre les couleurs des vitraux et la chimie
Vue d'ensemble, photo Anne-Marie Noirel groupe Nancyretro
Les
cinq superbes vitraux de Gruber se situent dans deux salles
attenantes, la grande salle de réunion et la salle de lecture que
la Société industrielle de l’Est occupait au
rez-de-chaussée.
Leur exécution date de 1909; le nom des
souscripteurs est indiqué ainsi que la signature de Jacques
Gruber.</div>
Frise végétale très naturaliste en rapport avec le
thème, verres transparents avec nervures courbes en haut,
vitraux aux couleurs riches souvent superposées en bas (
verres américains ou anglais): la pièce doit être claire mais on ne
doit pas être distrait par la rue.
Espace Gruber
Ernest Solvay et la chimie, prospère de l’époque; l’usine Solvay
de Dombasle-sur-Meurthe où l’on fabrique la soude en fond avec un
lampadaire et les ballon, éprouvette ou autre cornue
Ernest Solvay fonde une usine à Dombasle, principal centre de
production de carbonate de sodium ( Na2CO3) à la fin du 19ème siècle
car il y trouve à proximité houille, chlorure de sodium et calcaire
utilisés dans le procédé Solvay de fabrication de la soude.
Le carbonate de sodium est utilisé notamment dans les industries du
verre ,de la métallurgie et de la détergence.
Détail de « la chimie »
MM Solvay commanditaires, signature Gruber et date de 1909
La plante est une saponaire ( herbe à savon, grâce à la saponine)
Les Solvay (famille belge) furent de grands mécènes ,
amateurs d’Art Nouveau en particulier, comme en témoigne
l’immeuble d’Armand Solvay, neveu d’Ernest, avec l’immeuble Horta
à Bruxelles inscrit au Patrimoine mondial de l’Unesco.
Espace Gruber
Le travail du verre avec la paraison et le travail de deux
ouvriers;
le plomb souligne le dessin;
superposition des verres, parfois cinq ou six couches, gravure à la
roue ou non.
Salle Gruber
un wagonnet de minerai de fer poussé par un ouvrier, en pantalon en
velours côtelé, illustre
la sidérurgie; en fond, l’usine de Jarville de la société des
forges et aciéries du Nord et de l’Est
Détail du vitrail « sidérurgie »
couleurs intenses du verre anglais, peu de transparence
pour ce vitrail en général; l’usine située près de la Meurthe
avec ses hauts- fourneaux , des flammes, des lueurs
Détail du vitrail « sidérurgie »: le canal de la Marne au
Rhin ouvert au milieu du 19ème siècle ou la Meurthe;
les lueurs des coulées d’aciers
Détail du vitrail « sidérurgie »
Vitrail « sidérurgie »
commanditaires et signature de Jacques Gruber; vitrail non daté
Espace Gruber
Le village lorrain caractéristique avec ses maisons jointives
couvertes de toits à larges pans , le paysage vallonné; une femme en
robe longue blanche
Détail du « paysage lorrain »
Grappes de raisin, vigne et épis de blé
Signé Gruber, non daté
Espace Gruber
Paysage vosgien et épicéas;
les deux usines sont celles du commanditaire Henri Boucher qui
possède une cartonnerie et une papeterie
Il est Président de la Société Industrielle de l’Est
Détail du « paysage vosgien »
Epicéas des Vosges, lever de soleil, usines, montagnes
Détail du « paysage vosgien »
Henri Boucher commanditaire; signé J. Gruber, non daté
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Article paru dans l'Est Républicain du 10 décembre 2013 à l'occasion de la rénovation des bâtiments de la CCI
Autres vitraux de Gruber ( 1870-1936) à Nancy
Voir en particulier à Nancy la Maison Bergeret
et les six vitraux "de la Salle" du Musée de
l'Ecole de Nancy
Dans le cadre de sa politique de mécénat, la banque CIC Est a pris en charge la restauration de deux panneaux de la superbe véranda "de la Salle"; il s'agit des première et troisième travées aux décors de bignone et de pavot somnifère. Déjà en 1979, la banque CIC Est était intervenue pour la partie centrale de cette véranda. Cette verrière de 12,50 m commandée à Jacques Gruber ornait la véranda d'une maison particulière rue du Général Drouot à Nancy. En 1972, la maison devenue propriété de Georges Collinet de la Salle, fabricant de dragées, est détruite. La verrière est achetée par le musée de l'Ecole de Nancy où seuls six panneaux sont exposés depuis 1990.
Jacques Gruber et le vitrail au paon dit "de la Salle" (1904)
Partie centrale de la véranda d’un hôtel particulier démoli en 1972.
Le vitrail porte le nom du dernier propriétaire d'un hôtel
construit en 1870, Georges
Collinet de La Salle, fabricant de dragées (6 rue Drouot)
Le vitrail au paon "en situation" au 4 rue Drouot à Nancy (voir)
La véranda dite "de La
Salle", du nom de son
dernier propriétaire Georges Collinet de La Salle, fut commandée
à
Jacques Gruber en 1904 pour orner une galerie reliant deux corps de
bâtiment d'une demeure nancéienne située au 4 rue du Général Drouot
habitée par la famille Elie. Jean -Baptiste Jules Elie, négociant et
administrateur de la Banque de France, propriétaire du 4, décède le 4
Mars 1903.
Exposition au CIC- Est dans le cadre de l'exposition "Jacques
Gruber et l'Art Nouveau, un parcours décoratif";
deux panneaux de la veranda " de la Salle" restaurés grâce au CIC-Est
Détails;
la particularité technique des vitraux de Gruber est la superposition
de verres par deux ou par trois, alternant verres gravés de couleur et
verres dépolis transparents ( restauration A. Pinto de Poitou Charentes)