Palais du Gouvernement,
hémicycle de la Carrière,
place de la Carrière
L'hôtel de Beauvau-Craon
Tribunal administratif, ancienne Bourse du Commerce
Dès 1560 on y donna joutes et tournois régulièrement et on « courait la bague » (enlever des anneaux, à cheval), d'où le nom de carrière à ce lieu (**)(***)
(*). "Payé 30 fr. à plusieurs manouvriers pour avoir racoustré et mis à uny la quarrière de la Neufve Rue pour courir la bague (Compte du cellérier)".
(**) Carrière: Terrain entouré de barrières et aménagé pour des courses de chars, des courses à pied, des passes d'armes.
(***) ."Le mot carrière, pour le sens qui nous concerne, est emprunté à l'italien carriera, dérivé de carro « char ». Il désigna d'abord l'espace à parcourir dans les courses, tant de chars que de chevaux ou d'hommes et dans les passes d'armes.
Il excelle à conduire un char dans la carrière dit Racine dans Britannicus (acte IV, scène IV). D'où, au sens propre, les expressions : entrer, descendre dans la carrière, arriver au bout de la carrière, donner carrière à un cheval, se donner carrière, au sens où La Fontaine emploie le terme dans la fable (VI, VI), Le Cochet, le Chat et le Souriceau, quand le souriceau dit : J'avais franchi les monts qui bornent cet Etat Et trottais comme un jeune rat Qui cherche à se donner carrière. De là aussi les sens figurés : se donner carrière « se laisser aller à l’envie qu'on a de faire ou de dire quelque chose » ...Souvent à ses dépens Elle se divertit et se donne carrière (Destouches), donner carrière à son ambition. De là encore, toujours au figuré, la voie de luttes, d'efforts où l'on s'engage : Et c'est mal de l'honneur entrer dans la carrière Que dès les premiers pas retourner en arrière (Corneille, Horace, II, III)......" ("le vrai sens des mots" (Revue des deux mondes))
"En 1759, au mois de février, l'aspect de la place fut profondément modifié. On transporta ici, pour clôturer la partie centrale, les deux superbes grilles de
Jean Lamour, qui jusqu'alors fermaient de part et d'autre la rue des Écuries (1); et, en vérité, il était bien dommage que ces chefs-d'œuvre de serrurerie fussent à l'entrée d'une rue basse, étroite, où fréquentaient seulement les palefreniers. Lamour fit à cette œuvre « des grillages en augmentation (2); il y plaça de belles potences avec des lanternes élégantes. Ces grilles ne sont pas inférieures à celles de la Place Royale. Les gladiateurs et les sphinx ( voir la gravure de Dominique Colin) furent relégués à la Malgrange. Ce ne fut pas l'unique changement : deux nouveaux groupes d'enfants par Sôtgen furent placés sur la balustrade en pierre, au centre de la place" (cf)
1. Journal de DURIVAL, t. V, fol. 7. Elles ont été réparées à plusieurs reprises, entre autres en i83o, i854, 1866, 184.
2. Il toucha la somme de 5 419 livres 7 sols 1 denier. Supplément du Compte général, p. 124. –
(*) Le Palais de Boffrand, voir le livre d'architecture de Boffrand
Cette donation formelle et très précise fut confirmée en 1821, par ordonnance du roi Louis XVIII.
Il est ainsi appelé parce que, dès 1766, après la mort du roi Stanislas, il devint la résidence officielle du gouverneur français de la Lorraine, le maréchal de Choiseul-Stainville, frère du tout puissant ministre de Louis XV, et de ses successeurs: Choiseul, La Baume, duc de Fleury, maréchal de Contades.
Mais lorsque Emmanuel Héré — sur ses plans d'ensemble de l'oeuvre de Stanislas, en 1750 — résolut de transformer la Carrière, et de construire le palais de la Bourse (Tribunal de Commerce, voir photo ci-dessous), il commença par détruire le Louvre de Boffrand, inachevé, et édifia bientôt le Palais actuel du fond de la Carrière, pour le chancelier français de la Galaizière, qui le céda à son fils en 1758, nommé Intendant de Lorraine et Barrois.
Ce fut donc tout d'abord la nouvelle Intendance qui remplaçait l'ancienne Intendance, installée dans l'aile nord au Palais Ducal.
Cette nouvelle Intendance ou Palais actuel du Gouvernement fut donc bâtie après 1750 aux frais du roi Stanislas.
Les travaux coûtèrent 849.000 livres de l'époque; Jean Lamour. y dépensa pour 450.000 livres de ferronnerie, et le peintre Gergonne toucha 9.500 livres pour ses fresques, rehaussées d'ors et de fleurs.
Outre l'architecte Emmanuel Héré, son créateur, nous trouvons parmi les artistes qui travaillèrent à ce palais: l'entrepreneur Mique, qui fit tous les travaux de maçonnerie, les artistes Guibal et Jean Lamour, Vallier, Lenoir, Walneffer, etc. Commencé en 1751, ce palais magnifique fut terminé en 1753.
Que de transformations depuis! Et que d'habitants civils et militaires logèrent sous ces lambris et dans ces vastes salles et salons!
Tour à tour, il fut occupé par les deux La Galaizière, des maréchaux gouverneurs de la royauté, les districts révolutionnaires, les généraux du Premier Empire, les préfets de la Meurthe jusqu'en 1859, les maréchaux de Napoléon III, des généraux de divers corps d’armée, un musée ….
Le Palais du Gouvernement actuel est modifié par rapport au projet initial d’Emmanuel Héré.
Le premier plan de l'illustre architecte lorrain comprenait un avant-corps central avec fronton triangulaire aux armes du roi Stanislas, comme à l'Hôtel de Ville. Au-dessus de la balustrade actuelle, on remarquait des groupes, des trophées militaires, des vases de fleurs, et sur la terrasse du premier étage huit jolis groupes d'enfants qui sont aujourd'hui au château d'Haroué.
Le palais actuel a deux façades, l'une, sur la Carrière, réunie aux pavillons carrés par l'hémicycle aux vingt divinités olympiques, l'autre sur le jardin, au nord.
La façade sur la Carrière comprend trois avant-corps. Au rez-de-chaussée, des colonnes ioniques, tantôt géminées, tantôt simples, soutiennent un large balcon orné d'une balustrade en pierre, enrichie de corbeilles de fleurs et de groupes d'enfants, aujourd'hui enlevés.
Le premier étage est décoré de pilastres à chapiteaux corinthiens et de colonnes accouplées au centre. Un large entablement sépare le premier étage du second, et c'est là que le sculpteur Guibal disposa d'admirables groupes de femmes.
Les groupes, vases et trophées qui surmontaient la galerie terminale au-dessus du second étage, ont complètement disparu, et c'est grand dommage pour la beauté et l'harmonie de l'ensemble architectural d'Emmanuel Héré de Corny.
La façade du palais du Gouvernement sur les jardinsest fort riche et grandiose.
Le jardin fut aussi créé à ce moment; on y mit des statues, des vases, le Temps par Sontgen, des fontaines, ….
La Nouvelle Intendance. Recueil de l'architecte Emmanuel Héré 1756
Après un rappel sur les bâtiments du fond de la Carrière liés à la demeure ducale construite par René II et Antoine, embellie par Charles III et Henri II, nous abordons le Palais voulu par Léopold au même emplacement.
Le style architectural précédant le 18ème sera considéré comme « barbare », il sera remplacé par « le Nouveau Louvre » exécuté en partie à partir de 1717 par Boffrand, hélas non achevé, stoppé après l’arrêt de la dynastie ducale. Le projet était majestueux voulant ressembler au Louvre de Paris, formé de quatre corps et allant jusqu’à la salle d’Opéra de Bibiane.
Le petit Palais à hémicycle visible aujourd’hui en remplacement du « Nouveau Louvre » sera terminé en 1753 et a pour architecte Emmanuel Héré.
il sera successivement Nouvelle Intendance, Palais du Gouvernement, Préfecture, quartier général militaire et enfin musée depuis l’été 2010; c’est ce petit Palais voulu par Stanislas et son architecte Héré qui est photographié ici.
Le palais du Gouvernement, façade
côté place de la Carrière
Figures allégoriques en façade illustrant la Justice, la Vérité, la Fécondité et le Pouvoir
Façade du Palais du Gouvernement donnant sur la Place de la Carrière.
Elle comporte trois avant-corps. Au rez-de-chaussée, des colonnes
ioniques, tantôt accouplées, tantôt isolées, soutiennent un balcon ; de
hautes fenêtres au premier,
de petites fenêtres cintrées au second;
au premier étage, des pilastres corinthiens
Bureau du Maréchal Foch par Louis Majorelle; lampes
de Daum.
Foch a séjourné ici en 1913-1914
C’est l’ancienne chambre d’honneur ou chambre du roi du Palais du
Gouvernement
**************************************
Avant le Duc Léopold 1er dit Le Bon (1679-1729)
Configuration des lieux jusqu’au début du 18ème siècle
Les Français occupants de Nancy entre 1633 et 1663 et entre 1670 et 1698 n’ont modifié ni le Palais Ducal, ni les bâtiments proches ; même le bastion des Dames détruit en 1661 fut rétabli en 1673.
Dans cet espace que constituent le Palais du Gouvernement actuel et la Petite Carrière ( Place Malval), on trouvait alors un ensemble de bâtiments très disparates mais aussi les plus anciens de Nancy car situés près du Palais Ducal.
Comme l’indique précisément le plan à la fin de la page , il s’agissait de :
- l'église de la collégiale Saint- Georges commencée sous le Duc Raoul en 1346 et qui fut achevée sous le Duc Jean en 1390 ;
- la collégiale Saint-Georges, à l’emplacement de la Petite Carrière, avec une cour entourée d’un cloître ;
- la maison des chanoines, la salle Saint- Georges et la chambre des Comptes;
- des échoppes et habitations (une rue très étroite mettait en communication les deux places de la Carrière et de Saint-Epvre) ;
- une carrière à dresser les chevaux ( lieu d’équitation) classique à cette époque dans un Palais, et ultérieurement les maisons des palefreniers et autres remises du Palais.
La femme de Léopold, Elisabeth-Charlotte d'Orléans, nièce de Louis XIV, ne trouve pas le Palais à son goût ce qui conduit le Duc à prévoir la construction d’une demeure dès 1700. Louis XIV demande à son architecte
Hardouin-Mansart d’élaborer un plan pour un lieu de résidence de la famille ducale. La réalisation ne se fait pas compte-tenu des troubles dûs à la succession du trône en Espagne et à la nouvelle présence de l’armée française à Nancy (1702). Dès le retour de Léopold de Lunéville à Nancy en 1714, après le départ des Français, un nouveau projet est mis en place avec l’architecte Germain Boffrand, collaborateur de Hardouin-Mansart ; ce sera le « Nouveau Louvre »
Une partie de l’église Saint- Georges ( chœur et parties de nefs) est alors détruite. Le reste de la vieille église sera transformée en une nouvelle église inaugurée en 1717…elle-même transformée en magasin à blé. En 1717, beaucoup de bâtiments sont détruits : notamment le chœur de la Collégiale, la salle Saint-Georges, la Chambre des Comptes, ainsi que des bâtiments du Palais ; la construction du Nouveau Louvre démarre sur un terrain vierge. Près de quatre siècles d’histoire des Ducs de Lorraine disparaissent ainsi sous le règne du Duc Léopold.
Carrière et rue Neuve de Nancy où se font les joutes et tournois, combats et autres lieux de récréation- 1628. Jacques Callot a alors 36 ans.
Voir
aussi les détails de cette gravure sur la page des oeuvres de Jacques
Callot.
La place de la Carrière par Claude Deruet
Les deux gravures
précédentes donnent une vision d'artiste différente de la
place de la Carrière par Callot et par Deruet
La façade méridionale des bâtiments du Palais Ducal
sur la Place de la Carrière en 1628 d’après la planche de
Jacques Callot précédente; dessin de Gaston Save
vers 1887 ( peintre,
graveur, illustrateur, historien et archéologue français de la fin du
XIXe siècle)
voir les explications des repères ICI
A comparer au plan de Deruet postérieur (1641)
L’hémicycle du côté parc de la Pépinière:
Hôtel de Morvilliers (ou Guerrier de Dumast) et
Le Palais Ducal par Claude
Deruet en 1641, sous Charles IV
à droite la Place de la Carrière , l’église et la Collégiale
Saint-Georges
Légende de la photo précédente (plan de Deruet);
l’extrémité de la Carrière et le Palais Ducal au 17ème siècle
Détruits en 1743
Démoli en 1717
Incendié en 1627 puis corps-de-garde, près du rond, porte Neuve conduisant à la Carrière et Chambre des Comptes
Incendié en 1627 démoli en 1705
Léopold Ier Duc de Lorraine, par Nicolas Dupuy, vers 1703 (en haut) et le Nouveau Louvre de Boffrand. Portrait (supposé) de Germain Boffrand (*) par Jean II Restout (MBA Nancy), en bas.
Les premières esquisses du Nouveau Louvre datent de
1715 après commande de Léopold de 1712. On peut voir, derrière
G.Boffrand l'esquisse du Louvre.
Léopold est le fils de Charles
V et d’Eléonore-Marie de Habsbourg, sœur de l’Empereur;
le traité de Ryswick lui permet de retrouver son duché en 1697;
avec lui, la Lorraine retrouve son indépendance: prospérité et paix
sont de retour. Ce nouveau Louvre destiné à remplacer l'ancien Palais
Ducal ne sera jamais achevé faute de moyens car Léopold devait en
parallèle réaliser ses châteaux de Lunéville, La Malgrange, les
châteaux de Marguerite de Beauvau-Craon, sa maîtresse,...
(*) BOFFRAND
(Germain), dix-huitième siècle, architecte
du duc Léopold, neveu du poèle Quinault. Quoiqu'il ne soit pas
originaire de Lorraine, né à Nantes le 7 mai 1667, et qu'il mourut à
Paris, le 18 mars 1754, il passa une si grande partie de sa vie en
Lorraine et y créa tant d'œuvres dignes d'admiration, que cette
province peut lui conférer un véritable droit de cité. Il fut nommé
premier architecte du duc Léopold en 1711, fit les plans du nouveau
palais ducal, le grand autel de la cathédrale de Nancy, l'hôtel de la
monnaie, la cour d'appel actuelle, les hôtels de Curel, de Ferrari, de
Vitrimont, de Lupcourt et de Custines, à Nancy, les châteaux de Haroué,
Croismare, le petit château de Lunéville et l'église Saint-Jacques.
Mansard lui confia, du reste, la conduite de ses plus grands ouvrages,
et en Belgique et en Allemagne plusieurs palais sont dus à son talent
d'architecte éminent. On connaît son Livre d'architecture avec 70
planches, qu'il fit paraître en 1743. Il avait fait aussi construire en
Lorraine un grand nombre de canaux, d'écluses, de ponts et d'ouvrages
mécaniques qui lui font grand honneur.
************
Le Palais du Gouvernement de Héré prendra la suite .........
Vue d'optique représentant la vue Septentrionale de la grande placede la Carrière à Nancy (*) gravure sur cuivre imprimée sur papier vergé à Paris chez Daumont rue Saint Martin vers 1760.
Les vues d'optique, gravure sur cuivre du 18ème
siècle imprimées et peintes à Paris et Londres, puis en Allemagne,
furent vendues à des milliers d'exemplaires pour représenter les
principaux monuments et panoramas fameux de l'Europe et de l'Orient,
exactement comme les cartes postales d'aujourd'hui. Elles pouvaient
être visionnées au travers du zograscope ou regardées librement comme
toutes estampes. Apparu au 17ème siècle dans les cabinets de
curiosités, il était utilisé pour montrer ce que nous pourrions appeler
les ancêtres de nos cartes postales. Il s'est répandu au 18ème siècle
dans les attractions de foires populaires où il offrait "une évasion à
bon marché". Le zograscope est un appareil d’optique permettant de
visionner des vues d’optique. Il se présente sous la forme d'un simple
pied en bois, supportant une lentille biconvexe et un miroir incliné à
45°. Les vues gravées sont posées à plat au pied du zograscope. Le
dispositif optique permet d'accentuer la profondeur de la vue d'optique
et offre ainsi une image en relief (wikipédia) (*) Vue issue des gravures de Dominique Collin
Portrait de Stanislas Leszczinski par Jean Girardet, peintre du Roi (
dépôt du Musée d’Epinal )
L’abbé de la Galaizière, frère du chancelier de Lorraine et du Barrois,
tous deux chargés de « surveiller » Stanislas
Richard Mique qui occupe la charge d'intendant des
bâtiments de Stanislas travaillera également pour sa fille Marie,
reine de France, puis au service de Marie- Antoinette pour laquelle il
crée le Hameau du Trianon.
Le palais du
Gouvernement vu depuis la basilique Saint-Epvre vers 1890
document Gilles Tonnelier
Le Palais du Gouvernement est relié aux hôtels de la place de la
Carrière
par une colonnade en hémicycle, formée de colonnes ioniques et
couronnée
par une balustrade en pierre à jour, portant des corbeilles de fleurs
sculptées, des trophées d'armes avec captifs et palmiers.
Façade arrière du Palais qui donne sur le jardin du Palais du Gouvernement
Le jardin actuel du Palais du Gouvernement occupe l’emplacement du « jardin d’en bas » du Palais ducal. La destruction du bastion des Dames et l’aménagement de la Pépinière ( ex » jardin d’en haut ») datent de 1765, ce jardin également.
Certains arbres auraient ainsi quelque 260 ans et seraient les plus
vieux de Nancy; les deux platanes à feuilles d'érable ont plus de 5
mètres de circonférence, sont hauts de 42 m et ont été fournis à
Emmanuel Héré par la Pépinière Royale; ils ont le label "arbre
remarquable" tout comme le hêtre pourpre du jardin de la Pépinière.
Un mur lacunaire à pilastres
subsiste, dont on a disait avant les projets de
trnasformation en Musée de l'ensemble Palais du Gouvernement / Musée
qu'il était l'élément du
rez-de-chaussée de la façade
latérale du Louvre de Boffrand; il marque actuellement la séparation
entre la Musée Lorrain et le jardin du Palais du Gouvernement. Ce mur
ainsi que les façades et toitures de l'ancienne petite écurie
adossée à
ce mur et qui date de 1766 sont classés.La charpente de l'écurie a été
réalisée à partir d'arbres coupés en 1737.
En fait, selon
Alexandre Gady, président de
Société
pour la protection des paysages et de l'esthétique de la France,
cette hypothèse est fausse et vérifiable dans les archives puisque la
commande a été retrouvée. Ce mur à pilastres a été édifié vers
1748 par Baligand,
ingénieur du roi; l'écurie, dernier bâtiment de Stanislas est de
Montluisant.
Le mur de l’ingénieur
Baligand qui sépare les jardins
du palais ducal de Nancy
(actuel Musée lorrain) et
ceux du palais du Gouvernement
sera conservé. Le ministère
de la Culture, outre sa
valeur patrimoniale, y voit
une valeur urbanistique forte
de séparation symbolique et
physique de deux espaces et
de deux fonctions : d’un côté
le pouvoir ducal et de l’autre
le pouvoir du gouvernement.
Même si les bâtiments accolés
présentent un certain intérêt,
leur maintien ne permettrait
cependant pas de
valoriser le mur qui sera restauré.
Ils seront donc démolis (mai 2016)
Platanes de plus de 5m de circonférence, hêtres pourpre, marronniers d’Inde, érables,….
Dans
le cadre du projet de rénovation du Palais ducal et du Musée, dix- neuf
arbres vont être arrachés le long du futur mur de verre. Ne serait-ce
pas ceux d’Héré ? Non. Ce dernier avait planté des tilleuls de
Hollande. Il reste un tilleul, qui ne sera pas arraché et un charme.
Tous les autres sont creux donc dangereux. Rappelons que ce projet de
rénovation a un budget de 40M€ et ne sera pas achevé avant 2022.
Salon Foch: bibliothèque « Ecole de Nancy »
Salon Foch; détails du mobilier « Ecole de Nancy »
Salon Foch: semainier « Ecole de Nancy »;
Décor et plafond au style second Empire, caissons peints au décor
d’abeilles, symbole impérial
Salle- à- manger: lustre fin 19ème et décor à caissons du plafond, dans
le goût wagnérien
Grand Salon: le couple impérial a séjourné ici en 1853 avant un séjour
à Plombières
on remarque des canapés (ou causeuses) qui permettaient aux crinolines
de « s’épanouir » sur les côtés
Grand Salon: chiffre de Napoléon III ( 1808-1873) dans les écoinçons du
plafond
Inauguration du Grand Salon par la princesse Eugénie
Eugénie
et le prince impérial en 1866 lors des fêtes
du centenaire de la réunion de la Lorraine à la France.
Défilé devant le Palais du Gouvernement. Foule sur la place de la
Carrière, dais au palais du Gouvernement pour les visiteurs,
oriflammes. Voir
aussi du
même évènement, le défilé place Stanislas, une eau-forte d’après
Etienne Meissonnier par le graveur Jules-Ferdinand Jacquemart.
Dans le Palais du Gouvernement ….
Copie de la Bataille de Hanau (30-31/10/1813) par Horace Vernet
les
corps Austro-Bavarois commandés par Karl Philipp von Wrede attaquent
l'armée française de Napoléon qui pourra toutefois continuer sa
retraite.
Peinture d’Albert Larteau: Mes camarades de la 11ème division sur la
Place de l‘Académie (actuelle Place Carnot) 1892
Près du Salon Stanislas: chapelle-armoire avec son autel, aménagée au
18ème siècle
Salon bleu ou salon Charles X
Parquet 1860, boiseries d’époque
Le Comte d’Artois (1757-1836), futur Charles X passa quelques jours
dans le Palais sous la Restauration
on trouve quatre statues très élégantes de femmes assises avec des
enfants; elles sont dues à Barthélémy Guibal et ont été réalisées entre 1751 et 1753 (même période que la construction du palais du gouvernement), elles représentent la justice, la vérité, la fécondité et le pouvoir et mettent ainsi en valeur la royauté.
1896 Le Palais du Gouvernement- Photo Bergeret (voir agrandissement ICI)
Les hôtels de la place de la Carrière vus depuis le
Palais du Gouvernement (côté Pavillon Héré),
photographie prise le jour de la manifestation du « Livre sur la
Place »
Hôtel Héré
Hôtel Guerrier de
Dumast
L'ancien hôtel de Monsieur de Morvillers occupé plus tard par M. le baron Auguste-Prosper-François Guerrier de Dumast
Après M. de Morvillers, ce pavillon passa à M. le marquis de Spada, son gendre, qui le vendit à M. Coeurderoy, premier président du parlement. L'illustre lotharingiste Guerrier de Dumast a longtemps habité cette demeure, qui fut sa propriété.
*****
Statues de l'hémicycle Charles de Gaulle
Des
bustes de dieux ou de déesses sont placés sur d'élégants socles entre
les colonnes. Ce sont, du côté ouest : Saturne, Cybèle, Neptune,
Amphitrite, Vulcain, Vénus, Apollon, Diane, Hercule et Hébé; du côté de
la Pépinière, Jupiter, Junon, Pluton, Proserpine, Mars, Minerve,
Mercure, Cérès, Bacchus, Pomone, Pan et Palès. Le 12 novembre 1792,
tous ces bustes furent abattus par le bataillon des fédérés des
quatre-vingt-trois départements, qui voulait de la sorte prouver son
zèle républicain. Les débris en furent écrasés sous les roues des
voitures . Les bustes n'ont été refaits que sous la Restauration et ils
paraissent être l'œuvre des sculpteurs Labroise et Lépy.
Les 22 bustes de
l'hémicycle représentant des dieux et des déesses furent restaurés au
XIXe siècle, après avoir été très endommagés à la Révolution.
Les statues de divinités sur l’hémicycle
Des bustes de dieux ou de déesses sont placés sur
d'élégants socles entre les colonnes.
divinités grecques | divinités romaines | attributs, symboles | domaine d'action |
---|---|---|---|
Kronos |
Saturne |
faucille, sablier |
protecteur des semailles |
Rhéa |
Cybèle |
tours sur la tête ( villes sous protection), clé trésor de la Terre |
l'aïeule des dieux |
Poséidon |
Neptune |
trident, cheval |
dieu des mers et des océans en furie, des tremblements de terre |
Amphitrite |
|
trident |
divinité de la mer, maîtresse des monstres marins |
Héphaïstos |
Vulcain |
enclume, marteau |
dieu du feu, des forges et des volcans |
Aphrodite |
Vénus |
colombe, rose, myrte, char traîné par des cygnes |
déesse de la germination, de l'amour, des plaisirs et de la beauté |
Apollon |
Apollon |
lyre, arc, flûte |
divinité des arts, du chant, de la musique et de la poésie |
Artémis |
Diane |
biche, arc, carquois, flèches |
déesse de la chasse, de la nuit |
Héraclès |
Hercule |
massue, léonté |
héros de la mythologie grecque ( 12 travaux) |
Hébé |
Juventas |
aiguière, coupe |
déesse de la jeunesse, de la vitalité, de la vigueur, de la joie |
Zeus |
Jupiter |
sceptre, aigle, foudre, égide |
roi des dieux, maître du ciel et de la foudre |
Héra |
Junon |
grenade, paon, diadème (attribut royal) |
déesse du mariage et de la végétation |
Hadès |
Pluton |
sceptre, cerbère, clés |
maître des enfers et des morts |
Perséphone |
Proserpine |
flambeau |
déesse des enfers, reine du royaume des ombres |
Arès |
Mars |
casque, armes |
dieu de la guerre et de la végétation |
Athéna |
Minerve |
lance, chouette,, égide, olivier |
déesse de la guerre, de la sagesse, des artisans, des artistes et de la ruse |
Hermès |
Mercure |
caducée, aile; pétase, sandales ailées |
dieu des commerçants, des artisans, des voyageurs, et des voleurs. |
Déméter |
Cérès |
couronne d'épis de blé, flambeau, pavot |
déesse des moissons et de la terre fertile |
Dionysos |
Bacchus |
thyrse ( bâton entouré de lierre et surmonté d'une pomme de pin), vigne |
dieu de la végétation et surtout de la vigne |
Pomone |
pomme, arrosoir |
déesse romaine des fruits et des vergers |
|
Pan |
( Faunus) |
cornes, flûte |
dieu de la nature toute entière, protecteur des bergers et des troupeaux |
|
Palès |
|
déesse des bergers, de l'économie rurale chez les Romains |
Sur
les ruines de l’Hôtel de Salm, détruit par un incendie en 1683,
l’architecte Germain Boffrand édifie vers 1715 un nouveau bâtiment
destiné à Marc de Beauvau, futur prince de Craon et son épouse, alors
favorite du duc Léopold. En 1751, Stanislas achète l’hôtel pour y loger
les différentes juridictions comme la cour souveraine de Lorraine et
Barrois. Des travaux sont entrepris pour intégrer des cachots et
ajouter un corps de bâtiment sur l’arrière. La toiture en terrasse
agrémentée de pots à feu disparaît au profit d'une toiture en ardoises.
La grille du balcon conserve néanmoins le « C » de Craon.
voir l'Hôtel de Craon dans le livre
d'architecture de Boffrand
L"hôtel de Beauvau-Craon, cour d'appel de Nancy (photo agence P-Y Caillault)
La cour d'honneur
Photo Arcives Municipales de Nancy Fonds R/ Schott
L’avant-corps est, à l’origine, couronné d’une balustrade et de pots à feu. De magnifiques ferronneries décorent les balcons et portent les « chiffres » de la famille de Beauvau-Craon en forme de deux « C » entrelacés.
Le
tribunal administratif de Nancy
Hôtel Consulaire et bourse du Commerce
Recueil
d'architecture d'Emmanuel Héré 1756
La bourse des Marchands (tribunal administratif) 1942
Archives Municipales de Nancy Fonds R. Schott(*)
Fontaines décorées par Mesny et Adrien Lépy
A un coin de la place de la Carrière, l’une des quatre jolies fontaines avec « groupe d’enfants à la chasse ou à la pêche ». Les quatre fontaines décorées par les sculpteurs Mesny et Adrien Lépy étaient alimentées à l’époque de Stanislas par la source de Boudonville. Elles datent de 1750-52, époque où furent positionnés 116 tilleuls, les banquettes de pierre,…Le visiteur remarque peut-être moins les deux groupes d’enfants au centre de la place, dont l’arrivée serait plus tardive (1763 ?) réalisés par un autre artiste, Jean-Joseph Söntgen, dont on connait d’autres sculptures à Nancy. Ces fontaines ont été reproduites une multitude de fois. Icià droite, une lithographie de 1944 par Rob Cadoré (1907-1990). "Arc de triomphe et motif, place Carrière Nancy". L’artiste peintre, aquarelliste, graveur, graphiste publicitaire, fut élève de Victor Prouvé aux Beaux-Arts de Nancy. A gauche, un joli travail de René Hesse, artiste nancéien.
Ce petit symbole dans les coins du balcon peut passer inaperçu.
Il a été construit grâce aux intérêts des sommes que Stanislas a mis à la disposition de la confrérie des marchands ainsi qu’une somme de 60000 francs versée également par Stanislas. Il y avait quatre maisons auparavant appartenant à Jacques Hocquet, receveur des finances, Michel Chailly, médecin, Jeanne Charpentier épouse Richecourt, Joseph Séverin, maréchal ferrant.
Le bâtiment est la réplique de l’hôtel de Craon, réalisation de G. Boffrand de 1713, seul bâtiment conservé de la place lors de la rénovation de toutes les maisons par Emmanuel Héré (1705-1763) pour en faire un ensemble homogène de style classique.
De l’extérieur du tribunal administratif, on remarque en particulier les grilles du balcon réalisées par Jean Lamour, les monogrammes LA BO VR CE, les colonnes aux chapiteaux corinthiens, la fine silhouette de l’archange Michel patron des marchands, terrassant le dragon, avec lance et balance.
Le balcon (maçonneries et ferronnerie) a été complètement restauré en 2004 avec dorure à la feuille d'or 22 carats des principaux éléments de décor.
Lors de la mise en place de la confrérie des marchands en 1541, le Saint patron était Saint Georges. On ne sait à quelle date exacte Saint Michel devint le Saint patron mais il l’était déjà au 17ème siècle.
Le quatre de chiffre situé aux deux extrémités du balcon était un signe commun à un grand nombre de corporations dont celle des marchands. Le quatre de chiffre est un symbole courant dès le XVe siècle. Nous connaissons à Nancy un autre exemple de quatre de chiffre rue Saint-Julien.
Le symbolisme en ville sur les façades de nos maisons:
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On retrouve sur cette grille un chiffre 4 ayant la forme d’une croix dont les deux extrémités des branches horizontale et verticale sont jointes. La croix est avec le carré, le cercle et le centre un symbole du quaternaire.
Ce signe très commun à de nombreuses corporations est donc ici probablement en relation avec le métier de l’habitant du lieu. La maison date du début 18ème si l’on en croit la plaque au-dessus de la porte du 11 de la même rue qui indique la date de 1711.
Frank Milton Armington (1876-1941)
Peintre et graveur canadien actif en France entre 1900 et 1939
(document du groupe nancyretro Y-D Chassagne)
Painter, engraver. Urban landscapes, architectural views.
Hémicycle général de Gaulle, photo Scherbeck 1924 ©
BOUROULT (Robert) (Paris 1894- Vandoeuvre les Nancy 1975)
A vécu 13 Place de la Carrière.
"La Place Carrière et l'hôtel Héré à Nancy" hsp, sbg, 35x27cm
750 euros Vente à Besançon le 8/10/2023
Charles Jouas (1866 - 1942) La place de la Carrière à Nancy (détail)
Craie noire et sanguine 1936
André Wahl, la Bourse du Commerce / Tribunal administratif de Nancy
André Wahl (Nancy 1913-Villers-les-Nancy 1983) est graveur et aquarelliste
Après des études à l'Ecole des Beaux-Arts de Nancy, il pratiquera presque exclusivement l'eau-forte, cette technique difficile qui demande beaucoup de rigueur.
Professeur à l'Ecole des Beaux-Arts de Nancy, il en deviendra Directeur en 1968 (Harcos)
Charles Jouas (Faubourg Saint-Antoine 1866 - 1942) La place Carrière à Nancy
Craie noire et sanguine 24 x 19 cm Localisé, dédicacé signé et daté en bas Place Carrière Nancy !" Que de mêmes souvenirs et de même affections pour Magdeleine Michot et son ami Ch Jouas" 1936 H: 24 x L: 19 cm
Coin de palais (Hôtel Guerrier de Dumast) de la place Carrière à Nancy
aquarelle-18,5x11,5 cm, collection privée; par Georges Dufrénoy (1870-1943).
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La rue des Ecuries
La rue des Ecuries
Entrée de la rue des Ecuries au niveau du 8 place de la Carrière; pavage
" Elle a un charme fou avec ses pavés, et ses vieux immeubles reliés par des passerelles à leur terrasse-jardin,en bordure du parc de la Pépinière" (cf)
Jolie porte, côté anciennes écuries
Ruelle des Ecuries dans le plan de Nancy de 1611, place de la Carrière, remparts
La rue des Ecuries est une Venise asséchée, joli texte de Michel Guillet dans : Nancy Royale et familière.- Paris, Itinéraires Esquisse, 1957
On y accède par une voûte discrète, comme dans le quartier réservé d’une ville orientale. On ne la connaît pas. Elle échappe ainsi aux familles dominicales pousseuses de landaus.
D’ailleurs, la Rue des Écuries n’a pas de vitrines, pas de cinémas, et ne vante pas le sous-vêtement ou la bière à grande clameur de néon. Sous la voûte, un bec-de-gaz sans colonne, comme une fleur cueillie, a remplacé la lampe à huile dans une petite cage de fer
Comparée à ses sœurs parisiennes, la Rue des Ecuries ne serait ni la rue de la Paix nancéienne, ni la rue royale idem, mais tout au plus la Rue de l’Evangile.
Elle tient son nom des écuries de Charles III, en contrebas de la Pépinière qui, affirme l’annuaire, s’y voient encore.
Les stalles ont des rideaux de fer côtelé, et abritent des autos. Pour qui ?…
La Rue n’a ni porte, ni numéro. Elle ne connaît pas le facteur.
Autre mystère, géométrique celui-là : le guide de Nancy lui donne, comme tenant et aboutissant, la Place de la Carrière.
Pourtant, elle n’est ni circulaire, ni courbe, ni coudée à angle droit. Elle est rigide comme une avenue de quartier riche. »
Photo Varcollier
Fontaine et putti, place de la Carrière