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le premier bâtiment des Magasins Réunis de Nancy,

 édifice Art Nouveau

et son annexe, en face, au 8 rue Mazagran


Voir l'histoire des Magasins Réunis  et aussii l'Art Nouveau à Nancy

et aussi le très complet article de Catherine Coley


ainsi que, pour la comparaison "Le mécénat éclairé d'Eugène Corbin" par Catherine Coley,
 avec les Magasins Réunis "Art Déco"


L'incendie du 16 janvier 1916 et la disparition du magasin
(Est Républicain du 18/01/1916)

Un témoignage sur l'incendie du 16 janvier 1916


L'écroulement des Magasins Réunis du 4 décembre 1926



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Naissance et vie des Magasins Réunis de style Art Nouveau
(bâtiment principal et annexe)



Antoinr Corbin, fondateur des Magasins Réunis, photo et bronze au cimetière de Préville


Généalogie d'Antoine Corbin par Brigitte Hellio Caquelin
Généalogie de Jean Baptiste "Eugène" Corbin (fils d'Antoine)  par Brigitte Hellio Caquelin



 "La Société "Établissements Corbin et Cie" a pour origine un petit « bazar » établi, en" 1867, à Nancy, par M. Antoine Corbin Guilbert (photo ci-dessous). En 1881, ce bazar devenait la Maison des Magasins réunis qui, cette année-là, voyait ses ventes s'élever à 250000 francs. La création de cinq succursales, en Lorraine et dans les Ardennes, fit monter les recettes à 1 million, en 1892. Puis, la Maison essaime à Troyes, à Paris, à Lens, à Alençon, à Maubeuge. Dès 1886, pour s'affranchir des intermédiaires, elle a organisé à Paris un bureau d'achats ; ce fut le point de départ d'une prospérité imprévue.
Deux entreprises se développèrent côte à côte, liées l'une à l'autre par des intérêts communs, bien qu'elles eussent chacune un objet distinct :
- une maison de commission et d'achats, la Société anonyme des Magasins réunis;
-  un groupe de magasins de ventes, "(Établissements Corbin et Cie", Maison des Magasins réunis, ceux-ci approvisionnés par celle-là.



Le bazar Saint-Nicolas établi en 1867
 dont l'enseigne sera plus tard, le bazar des Magasins Réunis


Les Réunis de la Porte Saint-Nicola-
Le bazar Saint-Nicolas deviendra pendant de nombreuses années bazar des Magasins Réunis (voir le bandeau sur la photo tristounette du lieu vers 1915)
La naissance des Magasins Réunis est liée à la famille Corbin. Antoine Corbin, né à Nancy en 1835 est commerçant sur les marchés de la ville ; il inaugure son premier magasin, le bazar Saint-Nicolas sous la porte Saint-Nicolas. En 1883, il achète des bâtiments à l’angle de la rue Foch et de la rue Mazagran, face à la gare. Au vu du développement rapide de ce quartier, Antoine Corbin, grand visionnaire investit dans d’autres bâtiments adjacents. Le nom de « Magasins Réunis » s’expose sur la façade dès 1890. Il meurt en 1906 et son fils cadet Eugène héritier de ce joyau le fera prospérer.
Concernant ce bazar de la porte Saint-Nicolas, et la porte elle-même, de nombreux écrits montrent, début 20ème siècle, l’insatisfaction des Nancéiens ; on se plaint aussi bien de l’installation du bazar avec tous ces objets qui pendouillent, de la marquise jugée triste, de l’étroitesse des trottoirs, de la saleté de la porte Saint-Nicolas …..
Quelques passages ci-après :
En octobre 1903, les nancéiens se plaignent de la marquise imaginée par le grand architecte, Lucien Weissenberger ainsi que des objets présentés par le bazar et qui gênent les passants :
« on vient de terminer la triste marquise du bazar, avec des tringles de fer où l'on suspend toutes, sortes d'affaires plus ou moins dangereuses. Qu'un fil se rompe, qu'un fer se dérange, et voilà des passants tués ou grièvement blessés par toute une panoplie bizarre. La porte Saint-Nicolas est devenue maintenant, l'un des endroits les plus périlleux de Nancy, et l'on n'y passe qu'en tremblant. Outre quatre voies de tramways, constamment en circulation, outre des voitures en masse, voici le débouché si étroit de la rue des Fabriques, voici surtout l'encombrement des trottoirs devant le bazar, par un tas d'objets hétéroclites, dignes d'un caravansérail d'Orient »
« Quand donc se résignera-t-on à restaurer notre belle porte, au lieu de l'enlaidir par ces adjonctions parasitaires et d'empêcher les gens de passer sans horions ? »
Un mois plus tard, Emile Badel regrette « les travaux exécutés au bazar Saint-Nicolas à la Porte Saint-Nicolas, et la triste marquise, indigne de cet esprit délicat qui s'appelle Lucien Weissemburger, et les loques sans nom suspendues aux fenêtres du susdit bazar et aux tringles de fer de la marquise. «
« M. Sorel, de la mairie, croit que la marquise vaut le store disparu ; c'est une opinion.... mais il a formellement ajouté qu'il avait été convenu avec M. Masson, Co-directeur de ce bazar, que jamais on ne suspendrait rien de dangereux au-dessous de la marquise. » Conclusion, ce n’était pas mieux avant.

Il faudra attendre Février 1930 pour que la ‘Société nancéienne des Magasins-Réunis’ rende à la Ville les vastes salles dont elle était locataire à la porte Saint-Nicolas. « Le bail terminé, les Magasins-Réunis n'ont pas voulu conserver cette annexe de bazar, à côté de leur colossale firme actuelle de la place Saint-Jean. »



 Au modeste bureau de Paris s'ajoute, en 1902, un immense immeuble où se concentrèrent les commandes des adhérents de la Société anonyme des Magasins réunis, et qui devint le siège d'une importante Société pour la commission et l'exportation."



En 1899 Antoine Corbin constitua sous le nom de « Corbin et Cie », entre ses enfants et ses gendres, une société en nom collectif avec Charles Auguste Masson comme président du Conseil de gérance, MM. Jean-Baptiste Eugène Corbin dit Eugène Corbin, Louis Corbin le frère d'Eugène, et Louis Mauljean comme gérants (ce dernier à sa mort fut remplacé par M. Pierre Bachelard, gendre de M. Masson).




Charles Masson par Emile Friant, grand ami de Louis Corbin


Charles Auguste Masson est  né à Labroque (Vosges annexées) le 10 juillet 1858

Président du Conseil de gérance des établissements Corbin et Cie (Nancy et succursales).

Président du Conseil d'administration de la .Société anonyme des Magasins Réunis (commis.sion et exportation), 60, rue de Turenne à Paris, M. Masson est véritablement le fils de ses œuvres et il ne doit sa haute situation actuelle qu'à son travail, à son énergie et à sa vive intelligence.

Ses débuts furent des plus modestes.

Dès l'âge de i3 ans, il fut agréé -par M. Antoine Corbin-Guilbert, ce génial commerçant qui exploitait alors un petit bazar à Nancy porte Saint-Nicolas et qui devait trois années plus tard fonder cette maison des Magasins Réunis alors la plus importante de la province, en tant que commerce de détail.

L'esprit observateur et avisé de M. Corbin-Guilbert ne tarda pas à percevoir les brillantes qualités de son jeune employé ;il en fit son collaborateur le plus étroit et, un peu plus tard, son gendre.

Le développement pris par la maison des Magasins Réunis fut en effet colossal.



Le premier magasin d'Antoine Corbin (1867), la bazar Saint-Nicolas, porte Saint-Nicolas à Nancy



Les Magasins Réunis, rue Mazagran, avant la construction des différentes configurations ayant abouti au bâtiment Art nouveau.
Ce qui sera l'annexe au 8 rue Mazagran n'est pas encore construite, l'endroit est occupé semble-t-il sur cette photo par une société de déménagements.



1888- un bâtiment des Magasins Réunis (en location ?) rue du Faubourg Saint-Jean
Photo Imag'Est



Projet de la première installation Corbin-Guilbert entre la rue Mazagran et la rue Poirel.
La halle avec verrière reliant les magasins entre les rues Mazagran et Poirel, halle qu'on voit surce dessin, date de 1894.



5 mai 1895 Première publicité sur l'Est Républicain indiquant l'annexe des Magasins Réunis au 8 de la rue Mazagran



1896 Place Thiers et les Magasins Réunis à cette date Edition Boyer (cf)
La halle avec verrière entre les rues Mazagran et Poirel est bien visible.

En 1890 apparaît le nom de Magasins Réunis, nom repris d'un grand magasin fondé à Paris en 1866 (sur l'actuelle place de la République), et, en 1894, une halle vitrée / marquise relie en façade les différents immeubles achetés (photo ci-dessus)

« A. Corbin choisit d'investir l'îlot Mazagran, où sont situés les Magasins Réunis, en achetant au coup par coup, tous les terrains qui se libèrent.
Cette opération, qui va durer plus de vingt ans, débute en 1890 avec la construction sur la nouvelle rue Victor Poirel d'un bâtiment réunissant deux parcelles et faisant communiquer par l'arrière, l'ancien et le nouveau magasin. « (le Pays Lorrain Janv 2000 Catherine Coley)


Antoine meurt en 1901, mais la prospérité sera prolongée par son fils cadet, Eugène Corbin, qui poursuit les agrandissements.



Date inconnue, les Magasins Réunis avec entrée sur la rue Mazagran et l'annexe à droite.

Nous sommes dans cette période de travaux 1890-1910 après rachat prograssif de parcelles, avant la construction du magasin "art nouveau" avec  tourelle d'angle



Décembre 1894, les adresses des Magasins Réunis après rachats de plusieurs parcelles




Vers 1904, la tourelle avec dôme coin Faubourg Saint-Jean et le dôme de l'annexe des Magasins Réunis




Mars 1903, les deux dômes de la photo précédente
Septembre 1908 toujours en construction en attente en particulier des quatre tourelles d'angle


L'ensemble des immeubles achetés par Corbin père et fils sont ainsi remplacés progressivement par le magasin "art nouveau" avec lanternes d'angles, dans un style parisianiste; l'architecte est  Lucien Weissenburger Mais Eugène Cobrin, amateur d'art et mécène du récent mouvement Art nouveau de l'École de Nancy prend le soin de faire édifier de vastes entrées en style Art nouveau et l'ensemble de la décoration intérieure est réalisée par les artistes de cette école : bronzes de Jules Cayette, vitraux de Jacques Grüber…

Le département le plus abouti en termes de décor est la bijouterie des Réunis : cariatides de Victor Prouvé, plafond de Louis Majorelle, vitraux de Jacques Grüber, mosaïques, etc., le tout d'un luxe très abouti.

En 1912, les Magasins réunis proposent 70 départements de vente sur une surface de  4000 m2 mais également un salon de thé, une salle de spectacle et une galerie d'art, et un espace de vente est spécialement consacré aux œuvres des ateliers Louis Majorelle, ou encore de la cristallerie Daum…

Des succursales régionales ouvrent à Toul et Pont-à-Mousson.

En 1913, sous la présidence d'Eugène Corbin, les Magasins réunis, les groupes Paris France et Nouvelles Galeries s'associent, pour la construction à Strasbourg, place Kléber, d'un grand magasin à l'enseigne : Magasins modernes (en 1950 il sera rebaptisé Mag Mod et deviendra finalement Galeries Lafayette en 2010). (Source Wikipédia)



1911- Les Magasins Réunis depuis la place Saint Jean
Le bâtiment Art Nouveau n'est pas terminé



Vue d'ensemble du magasin "art nouveau", façade rue du Faubourg Saint-Jean
 Devant la statue de Thiers, place Thiers, aujourd'hui place Simone Veil




Photo des Magasins Réunis. Par rapport au dessin précédent, il semble que la tourelle au coin du Faubourg Saint Jean ne soit pas encore construite. Date non indiquée.



Les Magasins Réunis "art nouveau" en 1914 donc avant leur destruction en 1916



18 janvier 1916, après l'incendie du bâtiment des Magasins Réunis "Art Nouveau"
Photo Images Défense



Entrée du magasin "art nouveau", coin donnant sur la place Saint-Jean, place André Maginot depuis 1940
Décor métallique en ailes de papillon par Schertzer



Salon de thé



Magasins réunis, Guignol salle du sous-sol document Nancyretro JosiFsix Fsix

Affiche Magasins Réunis, Guignol en sous-sol. Vers 1910.
Henri-Charles Hogard, dit Dry, illustrateur. Royer, Nancy, imprimeur.
L’illustrateur Henri Dry est Vosgien, il réalise notamment le tracé et la construction de la route de la Schlucht, côté lorrain.
H.Dry était, entre autre, caricaturiste au "Cri de Nancy"

ans

  Autre vue du magasin de Nancy qui sera totalement détruit le 16 janvier 1916 dans un incendie accidentel



La demeure des Corbin dont la construction a été décidée par Antoine Corbin en 1894
Nous sommes au 8 rue Mazagran
Le rez-de-chaussée sera une annexe du magasin principal reliée à ce dernier par un souterrain.



Le décor de l'entrée "bijouterie" à l'annexe rue Mazagran
Deux belles cariatides en stuc vraissemblablement, par Victor Prouvé; les maquettes pour ces cariatides ont été terminées en 1909



Antoine  Corbin (à droite) auprès de la voiture de livraison des Magasins Réunis
Entrée du 8 rue Mazagran (document groupe FB Nancyretro)



Le décor avec cariatides est toujours présent en 1939 mais l'entrée est protégée..
Le bâtiment est alors occupé par l'Est Républicain- Photo D. Pesce Nancyretro groupe facebook



La demeure des Corbin par Michel Auguste Colle (1907
)
 face



Eugène Corbin et sa femme dans leur appartement
Musée de l'Ecole de NANCY rue du Sergent Blandan à Nancy



Eugène Corbin par Emile Friant, vers 1900
et vers 1910



1902 Eugène Corbin par le sculpteur Alfred Finot


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Photos suivantes, le magasin le l'annexe avec leur décor Art Nouveau



Lampes Majorelle en bas de l'escalier principal










L'atrium central du bâtiment principal des Magasins Réunis







Décor d'un escalier avec lampes Majorelle





























Affiche par Paul Colin, artiste nancéien qui a profité du mécénat d'Eugène Corbin



Photos Musée de l'Ecole de Nancy (tableau des Corbin) et blog facebook NancyRétro (autres photos des Magasins Réunis)
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Pour mémoire, les destruction et effondrement subis par les Magasins Réunis:




- Incendie du magasin Art Nouveau en 1916



Ecroulement lors de la reconstruction des Magasins Réunis dans le style art déco
4 décembre 1926

Seules les ailes du faubourg de Saint-Jean et de la rue Victor-Poirel sont restées debout. L’effondrement a eu lieu alors que la reconstruction du célèbre magasin était sur le point de s’achever, juste une heure avant l’arrivée des ouvriers, sans faire de victimes. 0n a découvert que le bâtiment s’était effondré à cause du sous-sol atypique de Nancy et d’un mouvement de terrain. Après des travaux réalisés dans le sous-sol en 2011, un système de cales a été installé pour permettre à la structure de s’adapter à tout autre mouvement de terrain.
  Photo: Montage d'un échafaudage en bois et camion de l'entreprise France Lanord et Bichaton
Photo Est Républicain





Destruction par incendie des Magasins Réunis de Nancy
16-17 janvier 1916
Photographies de Léopold Poiré




Après l'incendie des Magasins Réunis de 1916, le commerce de la Société se partagera entre le bâtiment des Galeries Nancéiennes 57 rue Saint-Jean  et le 8 Mazagran. Voir les différents rayons en 1917 sur l'illustration ci-dessus. Le bâtiment des Galeries nancéiennes a été construit en 1887 sous l'appellation "Maison Valence"; la marquise date de 1889. Après le départ des Magasins Réunis (1928), il fut transformé en appartements, bureaux (Pigier), magasins divers ( expo voitures Citroën ...)


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